Cinq ans après le Brexit, le rapprochement commercial entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) s’accélère. Selon un communiqué publié samedi 17 mai par Downing Street, le premier ministre britannique, Keir Starmer, promet de conclure « cette semaine » avec l’UE un « nouvel accord qui servira l’intérêt national » du Royaume-Uni.
Cette annonce intervient alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen, Antonio Costa, et la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, sont attendus lundi à Londres pour le premier sommet bilatéral entre Royaume-Uni et UE depuis le divorce acrimonieux du Brexit en 2020.
L’accord multisectoriel, dont les contours restent flous, doit permettre de stimuler les échanges commerciaux en réduisant les formalités administratives nées de cette séparation, ou de renforcer la sécurité par plus de coopération entre Royaume-Uni et UE, selon le bureau du premier ministre travailliste, qui œuvre à resserrer les liens avec le bloc des Vingt-Sept depuis le début de son mandat en juillet.
Lundi, « nous ferons un nouveau pas en avant et offrirons encore plus d’avantages au Royaume-Uni grâce à un partenariat renforcé avec l’Union européenne. Ce sera bon pour nos emplois, bon pour nos factures et nos frontières », a défendu M. Starmer dans le communiqué.
« Lignes rouges » et concessions
Les négociations se poursuivent d’ici à la formalisation de cet accord, avec des tensions sur des sujets sensibles comme les quotas de pêche ou la mobilité des jeunes. Le communiqué de Downing Street ne dit pas clairement si les dirigeants vont annoncer, comme attendu, un accord de partenariat sur la défense et la sécurité.
Les deux parties ont intérêt à un rapprochement dans la défense, au moment où l’Europe lance un effort de réarmement face à la menace russe, et où la confiance dans l’engagement sécuritaire américain en Europe s’émousse sous la présidence de Donald Trump. Downing Street dit simplement vouloir éviter que « la sûreté et la sécurité soient compromises par un manque de coopération entre pays voisins confrontés aux mêmes défis mondiaux ».
Ce partenariat doit acter un rapprochement avec Bruxelles, et tourner la page des crispations qui ont empoisonné les relations entre l’UE et les précédents gouvernements conservateurs. Les Britanniques « méritent mieux que l’accord conclu par le gouvernement précédent », mais des « lignes rouges » seront toutefois respectées, a prévenu Downing Street, sans plus de détails.
Keir Starmer a écarté la possibilité d’un retour dans le marché unique ou dans l’union douanière, mais il a laissé entendre que le Royaume-Uni était prêt à un alignement dynamique sur les normes de l’UE pour les produits alimentaires et agricoles, afin de faciliter les échanges commerciaux.
Et si la liberté de circulation est une autre « ligne rouge », M. Starmer semble être prêt à une autre concession sur un programme de mobilité réciproque des jeunes pour étudier et travailler au Royaume-Uni et dans l’UE, réclamé par Bruxelles. « La mobilité des jeunes n’est pas la liberté de circulation », a-t-il ainsi souligné, samedi, dans une interview au Times.
« Le Royaume-Uni ne réagira pas en se repliant sur lui-même »
Outre ce programme, certains pays de l’UE ont mis dans la balance d’autres demandes, comme la reconduction de l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques.
Newsletter
« A la une »
Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »
S’inscrire
Keir Starmer et Ursula von der Leyen se sont parlé vendredi en Albanie en marge du sommet de la Communauté politique européenne (CPE) pour tenter d’aplanir certains blocages.
« En cette période de grande incertitude et de volatilité, le Royaume-Uni ne réagira pas en se repliant sur lui-même, mais en prenant fièrement sa place sur la scène mondiale, en renforçant ses alliances et en concluant des accords », a défendu M. Starmer.
Après la conclusion d’accords commerciaux avec l’Inde et les Etats-Unis ces deux dernières semaines, ce nouveau partenariat montre que le Royaume-Uni est « un pays avec lequel les gens veulent à nouveau faire des affaires », s’est félicité Downing Street.
Sur le volet commercial, cet accord devrait simplifier certaines formalités administratives ou contrôles liés aux exportations avec l’UE, « partenaire commercial le plus proche », pour améliorer les prix et la disponibilité des produits dans les supermarchés britanniques.