Le premier ministre britannique, Keir Starmer, a annoncé, jeudi 10 juillet, un accord pilote pour un échange de migrants avec la France, qui doit entrer en vigueur dans les « prochaines semaines ». Cet accord, qui doit encore être soumis à la Commission européenne avant d’être signé, repose sur le principe du « un pour un ».
« J’ai le plaisir d’annoncer aujourd’hui notre accord sur un projet pilote inédit : pour la première fois, les migrants arrivant par petits bateaux seront arrêtés puis renvoyés rapidement en France », a déclaré le dirigeant travailliste, ajoutant qu’« en échange de chaque retour » une autre personne pourrait venir via un itinéraire contrôlé et légal. Cette dernière devra, au préalable, exprimer sa volonté, via une plateforme en ligne, de s’installer au Royaume-Uni et justifier de liens avec ce pays.
Seuls les individus « qui n’ont pas essayé d’entrer illégalement au Royaume-Uni » seront éligibles pour cet échange, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse avec le président français, Emmanuel Macron, à l’occasion d’une visite d’Etat de trois jours au Royaume-Uni.
« Pour la première fois, les migrants arrivant par petits bateaux seront arrêtés puis renvoyés rapidement en France », a ajouté le premier ministre britannique, se réjouissant d’un accord « révolutionnaire » sur un projet susceptible de démarrer « dans les prochaines semaines ». Le sujet est délicat alors que sur les six premiers mois de l’année 2025, plus de 20 000 personnes sont parvenues à rejoindre les côtes britanniques à bord de small boats, une hausse de presque 50 % par rapport à la même période l’an dernier.
« Un effet très dissuasif sur le modèle des passeurs »
Le président français a également déploré une « incitation » à traverser la Manche depuis le Brexit, en 2020, en expliquant qu’il n’existait depuis plus « aucun accord migratoire avec l’Union européenne ». « Il n’existe pour les candidats à la traversée ni voie d’admission légale alternative ni dispositif de réadmission à l’issue d’une traversée, et la situation actuelle crée en réalité une incitation à réaliser la traversée », a détaillé Emmanuel Macron. Il a estimé que ce projet pilote « exercera[it] un effet très dissuasif sur le modèle des passeurs et sur les traversées ».
Aucune précision chiffrée n’a été donnée sur le nombre de migrants que l’accord pourrait concerner. Il doit encore être soumis à vérification juridique, selon Emmanuel Macron. L’ONG Médecins sans frontières a de son côté jugé que ce projet n’était « pas seulement absurde » mais « aussi extrêmement dangereux ».
Les dirigeants français et britannique ont également assuré que les plans de la coalition des pays volontaires pour garantir un futur cessez-le-feu entre Kiev et Moscou étaient « prêts », tout en appelant à accroître la « pression » sur la Russie, après avoir coprésidé depuis le centre de commandement de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord de Northwood, au nord-ouest de Londres, une réunion à ce sujet.
Emmanuel Macron a aussi appelé, lors de cette prise de parole commune, à une reconnaissance commune de la Palestine par Paris et Londres, « seule » voie « conforme à une perspective de paix » entre Israël et les Palestiniens. De son côté, Keir Starmer a affirmé que « la politique de longue date » de sa formation politique, le Parti travailliste, et de son gouvernement était « de reconnaître la Palestine dans le cadre d’un processus ». « Cela reste notre position », a-t-il dit. Toutefois, a-t-il ajouté, « l’accent doit maintenant être mis sans relâche sur l’obtention d’un cessez-le-feu qui permettra à la politique de prendre le pas sur les combats et permettra à l’aide humanitaire d’arriver et aux otages [retenus à Gaza] d’être pris en charge ».