Quelques heures après son investiture, Donald Trump a signé un décret présidentiel annonçant la sortie des Etats-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il met ainsi à exécution un retrait qu’il avait déjà amorcé à la fin de son premier mandat, mais que Joe Biden avait interrompu lors de son arrivée au pouvoir. Selon les règles de l’organisation onusienne, un Etat membre doit notifier son retrait douze mois à l’avance, soit un départ effectif en janvier 2026. Mais, à l’heure actuelle, il n’est pas certain que le gouvernement américain respecte ce calendrier.
Les conséquences de ce retrait sont claires. D’un côté, l’OMS perd un de ses plus gros financeurs, de nombreux experts placés au sein de l’institution, un canal diplomatique d’échange d’informations avec le gouvernent américain et ses influentes institutions, et (potentiellement) l’accès à un réseau de 71 centres collaboratifs américains.
De l’autre côté, les Etats-Unis perdent leur place au sein de l’Assemblée générale de l’OMS, qui détermine les orientations stratégiques de la structure, ainsi qu’un accès aux données mondiales dont l’organisation est le dépositaire. C’est, par exemple, elle qui a reçu de la Chine le séquençage génétique du virus du Covid-19.
Plus intéressant est de réfléchir aux implications de cette décision catastrophique sur notre système de gouvernance en santé mondiale et, in fine, sur la santé des populations. Ces répercussions sont de quatre ordres.
Une capacité réduite à impulser une politique mondiale
Parce qu’elle est d’abord centrée sur les questions scientifiques et techniques, l’OMS demeure un forum où les Etats peuvent s’accorder sur une politique mondiale, en dépit des dissensions et des conflits. La campagne contre la variole (éradiquée en 1980), mise en œuvre conjointement avec des experts des Etats-Unis et de l’URSS, au pic de la guerre froide, en est un exemple.
En perdant un de ses membres fondateurs, l’OMS voit sa capacité à impulser une politique mondiale, déjà diminuée ces dernières années, considérablement affaiblie. On observe, en particulier depuis la pandémie de Covid-19, un repli des pays vers des alliances régionales, vues comme plus à même d’aboutir à des actions concrètes. Cette fragmentation risque de s’accélérer, alors même que les risques sanitaires posés par le changement climatique ou la montée des conflits augmentent.
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