« Le reste du monde n’existe pas », de Cédric Calandraud, Loco, 150 p., 45 €.
C’est dans un de ces patelins nichés entre Angoulême et nulle part, là où l’arrêt de bus sert de point de rencontre à la bande de copains du samedi après-midi, que Cédric Calandraud, photographe documentaire, a mené son enquête. Il en a tiré le formidable Le reste du monde n’existe pas, un livre à la facture soignée qui comprend 80 photos en noir et blanc. Le choix de l’éditeur de regrouper les légendes et de rejeter à la fin le texte de l’auteur ainsi que l’entretien croisé des sociologues Yaëlle Amsellem-Mainguy (Les Filles du coin, Presses de Sciences Po, 2021) et Benoît Coquard (Ceux qui restent, La Découverte, 2019) laisse la part belle à l’iconographie.
Cette enquête est celle d’un bon élève monté à la capitale pour se former à la sociologie et au cinéma documentaire, et qui décide, en 2019, de revenir régulièrement sur les terres de son enfance. L’objectif de Cédric Calandraud : photographier le quotidien de la jeunesse rurale et populaire dans son environnement. Aidé par son cousin, Anthony, il est rapidement repéré. On le sollicite par l’intermédiaire des réseaux sociaux pour officier en qualité de « photographe public ». Il se prête au jeu et immortalise ainsi Clément et ses trois complices immergés jusqu’au cou dans la rivière, ou encore Léa et sa cousine, Mallory… « Pendant la prise de vue, le plus intéressant, pour moi, c’était de construire l’image avec eux », écrit-il.
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