Le renseignement intérieur allemand a suspendu provisoirement, jeudi 8 mai, son classement du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) en tant que groupe « extrémiste de droite avéré », en attendant que la justice, saisie par le parti, rende sa décision. Cette suspension vaudra jusqu’à ce que le tribunal administratif de Cologne se prononce sur le référé déposé par l’AfD, qui conteste la décision des services du renseignement intérieur (BfV), a précisé le tribunal dans un communiqué.
En conséquence, le BfV va retirer de son site le communiqué de presse du 2 mai concernant cette classification, et la surveillance policière accrue du parti, permise par cette évaluation, ne peut pas être mise en place à ce stade.
L’annonce vendredi de cette nouvelle catégorisation du parti, arrivé en deuxième position des élections législatives, avait fait l’effet d’une bombe, quelques jours avant l’investiture du nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz. La décision a aussi provoqué de vives tensions politiques, notamment dans les relations avec l’administration Trump, qui a pris fait et cause pour l’AfD.
Rapport de plus de mille pages
Pour leur évaluation, les services de renseignement se sont fondés sur un rapport interne de plus de mille pages réalisé sur plusieurs années. Il conclut notamment que l’idéologie de l’AfD « dévalorise des groupes entiers de la population en Allemagne et porte atteinte à leur dignité humaine », ce qui n’est « pas compatible avec l’ordre démocratique fondamental ».
Les coprésidents de l’AfD, Tino Chrupalla et Alice Weidel, se sont félicités jeudi de la suspension du nouveau classement de leur parti, y voyant une « victoire partielle contre les services » de renseignement.