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Histoires Web mercredi, octobre 30
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La filmographie d’Andy Warhol (1928-1987) lui devait sans doute beaucoup plus que ne voulait bien l’avouer l’artiste. Paul Morrissey, réalisateur, producteur et figure centrale du cinéma underground, est mort, à l’âge de 86 ans, à New York des suites d’une pneumonie.

Lire le récit (en 2002) : Article réservé à nos abonnés La comédie humaine selon Morrissey

Né le 23 février 1938 à Manhattan dans une famille irlandaise, Paul Morrissey passe sa scolarité dans des établissements catholiques avant de rejoindre l’armée américaine. Alors qu’il est réserviste, le jeune homme s’installe à New York et ouvre une petite cinémathèque, l’Exit Gallery, qui programme des films underground et les premiers essais de Brian De Palma. Au même moment, il commence à réaliser ses premiers films expérimentaux en 16 mm.

C’est en 1965 que Paul Morrissey rencontre Andy Warhol. Artiste de génie, Warhol était aussi un vampire : il se montrait très doué pour s’entourer de gens talentueux dont il aspirait l’énergie créative, s’arrogeant leurs idées. Si bien qu’à l’intérieur de la collaboration entre Warhol et Morrissey, il est très difficile de distinguer les mérites de chacun. Reste une certitude : le talent de Morrissey fut sous-estimé, parfois nié.

Tribulations d’un gigolo

Le jeune homme de 27 ans commence comme simple collaborateur technique sur My Hustler (1965), avant de coréaliser le splendide Chelsea Girls (1966), premier grand succès du cinéma underground. Sur un écran scindé en deux, une succession de plans fixes observe les pensionnaires du mythique Chelsea Hotel dans une suite d’actions prosaïques. Fascinant et rarement projeté, le film – qui dure plus de trois heures – accomplit un rêve de voyeurisme de l’insignifiance qui prophétise la télé-réalité.

Entre 1968 et 1972, Paul Morrissey réalise la trilogie Flesh/Trash/Heat – Warhol, qui se remet d’une tentative d’assassinat, n’est plus que producteur. La série suit les tribulations d’un gigolo addict à l’héroïne qui tente péniblement de survivre dans un New York interlope. La caméra de Morrissey est magnétisée par la beauté de son acteur, Joe Dallesandro, sans doute l’une des apparitions les plus sensuelles du cinéma américain – on le reverra dans Je t’aime moi non plus (1976), de Serge Gainsbourg.

Lire la critique (en 2002) : Article réservé à nos abonnés La trilogie Morrissey, relique restaurée de l’esprit libertaire des années 1970

Morrissey confère ses contours et ses lettres de noblesse au cinéma underground, et applique strictement les principes de la Nouvelle Vague : budget de 10 000 dollars, 16 mm et son direct, tournage sauvage dans un New York éteint, minimum d’indications données aux acteurs. La trilogie donne à voir les existences et les corps de marginaux qui n’auront jamais droit de cité dans la fiction majoritaire. Ce sera le plus grand succès de Paul Morrissey, qui s’extirpe ainsi de l’ombre de son mentor, inaugure le cinéma des années 1970 et influencera jusqu’à Jim Jarmusch et les frères Safdie.

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