Il n’est pas simple de savoir si le projet de holding visant à chapeauter les radios et télévisions publiques sera utile ou désastreux. Plus lisible est la bataille idéologique et culturelle que la classe politique mène à travers un tel machin, dont le destin devrait être réglé au Parlement en septembre. Ce n’est en effet pas un hasard si, grosso modo, tout l’éventail de la droite est pour la fusion, et la gauche contre.
Pour le Rassemblement national, le sujet est une babiole vers l’essentiel : les radios et télévisions publiques étant imprégnées d’un gauchisme indécrottable, leur privatisation sera le meilleur moyen de s’en débarrasser. A droite ou dans le bloc central, on ne va pas jusque-là, ce qui n’empêche pas de voir dans ces médias un microcosme hostile ; la fusion permettra déjà de faire des économies.
Une question, plus ou moins avouée, germe dans les têtes politiques : pourquoi accepter qu’un audiovisuel financé par l’argent public (4 milliards d’euros), donc par l’impôt de tout de monde, véhicule sur ses chaînes des sujets, idées, programmes, témoignages qui ne parlent qu’à la moitié du corps électoral, et encore ? Cette question, il faut le dire, personne ne la posait il y a dix ans. On n’y pensait même pas. A force d’être martelée par l’extrême droite, déclinée sans nuances par les médias de Vincent Bolloré, elle colle à la droitisation de la société. Et à une époque plus crispée.
La rançon du succès
France Inter est souvent citée comme la principale cible de cette bataille culturelle. C’est la rançon du succès. Quand on caracole en tête des audiences, avec 7,3 millions d’auditeurs chaque jour, dont 4,9 millions pour sa matinale, on devient un enjeu.
Mardi 1er juillet, invité de la matinale, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a confié en fin d’émission sur un ton badin que c’est une chance, voire un honneur, alors qu’il n’est pas vraiment un gauchiste, d’être invité sur Inter : « Un ministre de droite, sur France Inter… » Il n’a pas eu le temps de finir sa phrase que la journaliste Léa Salamé l’a coupé : « Ça, c’est facile… »
Il vous reste 64.57% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.