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WARNER TV – JEUDI 13 FÉVRIER À 20 H 55 – FILM

Le succès surprise de l’été 1999, aux Etats-Unis, s’appelait Le Projet Blair Witch. En France, le film avait attiré 145 000 spectateurs. Score très honorable pour ce qui allait devenir l’un des plus gros succès financiers jamais obtenus par un film indépendant, produit pour 100 000 dollars (93 000 euros).

Une campagne marketing très astucieuse, presque exclusivement déroulée sur Internet (le film n’a bénéficié d’aucun spot publicitaire à la télévision), avait installé sa notoriété bien avant sa sortie. En juin 1998, avant même que le montage ne soit achevé, ses deux réalisateurs Eduardo Sanchez et Daniel Myrick avaient lancé un site Web d’information sur le projet. En achetant les droits de distribution pour 1 million de dollars, la compagnie indépendante Artisan avait expliqué aux auteurs du film son intention de créer l’ambiguïté en faisant passer le plus possible leur film pour un document authentique.

Sa forme, il est vrai, le destine autant à un écran d’ordinateur qu’à une salle de cinéma. Le Projet Blair Witch joue la confusion entre le documentaire et la fiction en prétendant n’être que la diffusion d’une cassette vidéo retrouvée un an après la mystérieuse disparition de trois étudiants en cinéma qui avaient décidé, en 1994, de s’aventurer dans la forêt des Black Hills pour enquêter sur la sorcellerie. Leur excursion se serait transformée rapidement en cauchemar.

Légendes de sorcières

Les trois jeunes randonneurs interviewent d’abord quelques ruraux sceptiques sur d’insondables légendes de sorcières (witches) avant de s’égarer définitivement dans des sous-bois. Pendant près de quatre-vingts minutes, ils ne quitteront plus l’image et la bande-son. Ils passent de l’euphorie insouciante à l’angoisse pure lorsqu’ils découvrent qu’ils ne peuvent plus quitter la forêt, que leurs pas les ramènent inéluctablement au même endroit.

Pour faire croire à un document authentique, le générique fut repoussé à la fin du film, le mixage retravaillé, afin de le rendre encore plus « amateur ». Un site Internet proposait un long exposé sur l’histoire de la sorcellerie dans la petite ville de Blair, des éléments biographiques sur les trois étudiants disparus (dont le journal, inventé bien sûr de toutes pièces, de Heather, la jeune fille chargée de filmer l’épopée tragique) et des (faux) rapports de police relatifs à la disparition du trio. Avant la sortie en salle, le site Blairwitch.com avait déjà été visité par plus de 13 millions de personnes. Artisan aurait suscité elle-même une partie du bouche-à-oreille en créant un autre site (Aintitcool.com) riche de critiques favorables.

Lire aussi (archive de 1999) | Article réservé à nos abonnés De la peur au cinéma et des moyens de la provoquer

En salle, aux Etats-Unis, nombre de spectateurs sortirent de la projection persuadés d’avoir vu un documentaire, et cette identification du public aux personnages est devenue un argument de promotion. « Les gens n’avaient pas eu peur depuis longtemps au cinéma, se félicitait Eduardo Sanchez. Son côté amateur, très “home movie”, donne le sentiment que n’importe qui aurait pu le réaliser. Mais, surtout, vous avez beau raconter le film à vos amis, leur livrer tous les détails, ils restent saisis lorsqu’ils le découvrent à l’écran. »

Le Projet Blair Witch, film de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez (EU, 1999, 78 min). Avec Heather Donahue, Joshua Leonard, Michael C. Williams.

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