Meilleures Actions
Histoires Web jeudi, septembre 19
Bulletin

Un Hezbollah humilié, désorganisé et aux abois, tel est le produit à cette heure des attaques non conventionnelles perpétrées les 17 et 18 septembre au Liban. Elles ont été attribuées à Israël qui n’a pas opposé le moindre démenti. Les explosions de moyens de communication rudimentaires, bipeurs et talkies-walkies – auxquels la milice chiite libanaise recourait pour se protéger, pensait-elle, des capacités de pénétration des réseaux téléphoniques et des frappes israéliennes –, ont tué une trentaine de personnes et en ont blessé des milliers, au point de saturer le système de santé libanais.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Explosions de bipeurs au Liban : le Hezbollah pris au piège dans son soutien au Hamas

Il fait peu de doute que ces tentatives d’assassinats s’inscrivent dans la volonté de l’Etat hébreu de restaurer sa capacité de dissuasion après la gifle qu’a constituée, pour ses services de renseignement, le transpercement de la barrière de sécurité bardée d’électronique qui enserrait Gaza, le 7 octobre 2023. Ce fiasco avait ouvert la voie aux pires massacres de civils depuis la création d’Israël et à la capture de 250 otages, dont la moitié est toujours aux mains des miliciens palestiniens.

Ces attaques posent pourtant des questions. La première est de principe. Les bombardements qui ont tué à Gaza des dizaines de milliers de civils palestiniens, justifiés par la seule présence parmi eux de miliciens du Hamas, y compris dans des zones définies par Israël lui-même comme sûres, l’ont déjà esquissée. Ce qui s’est passé au Liban accélère la remise en cause radicale du cadre qui auparavant valait pour la conduite de la guerre, que les Etats, a fortiori lorsqu’ils se rangent parmi les démocraties, sont tenus de respecter.

Escalade incontrôlable

Il s’agit de la distinction entre le civil et le militaire. Les responsables de l’opération n’avaient aucune garantie que les explosions qu’ils allaient déclencher atteindraient bien les possesseurs visés du dispositif piégé, ni qu’elles ne toucheraient pas également des personnes à proximité sans lien aucun avec ces derniers. Procéder ainsi n’emprunte-t-il pas au terrorisme que l’on prétend combattre ?

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Explosion des bipeurs du Hezbollah : la piste d’une insertion d’explosifs largement privilégiée

La seconde renvoie aux choix tactiques du premier ministre israélien, qui semblait orchestrer, les jours précédents, l’éviction de son ministre de la défense. Ce dernier est un partisan affiché d’un cessez-le-feu à Gaza, qui permettrait le retour des derniers otages israéliens encore vivants. Un cessez-le-feu auquel l’extrême droite, dont dépend la coalition au pouvoir en Israël, est viscéralement opposée.

En refusant l’apaisement à Gaza que les Etats-Unis tentent vainement d’obtenir, qui enclencherait également une baisse des tensions avec le Hezbollah, Benyamin Nétanyahou donne l’impression de chercher une régionalisation du conflit par tous les moyens. Il sait la supériorité de son armée et peut compter sur le soutien militaire sans réserve que Washington n’a cessé de lui apporter.

Lire aussi | Comprendre les tensions entre le Hezbollah et Israël en cinq dates-clés

Même diminué par la multiplication des assassinats ciblés de ses cadres à laquelle Israël s’est livré depuis des mois, le Hezbollah reste une puissance militaire non étatique de premier plan. L’Iran s’accroche à cet atout en dépit de provocations israéliennes telles que l’assassinat à Téhéran, cet été, du responsable du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Tout cela a conduit jusqu’à présent la milice à des actions calibrées, à l’exception du tir ayant tué en juillet douze enfants et adolescents druzes à Majdal Shams, sur le plateau du Golan syrien annexé unilatéralement par Israël. Pour éviter une escalade incontrôlable, tout devrait être mis en œuvre pour épargner au Proche-Orient une guerre supplémentaire.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les Druzes du Golan pris entre Israël et le Hezbollah

Le Monde

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.