Le président serbe, Aleksandar Vucic, a été hospitalisé, samedi 3 mai, à son retour des Etats-Unis, mais se trouve dans un état « stable » permettant sa sortie dans la journée, a annoncé un médecin militaire.
Le chef de l’Etat, âgé de 55 ans, « a été admis à l’académie médicale militaire immédiatement après son atterrissage » à Belgrade, écrivent ses services dans un communiqué adressé à l’Agence France-Presse (AFP).
Plusieurs heures après son admission, le cardiologue Dragan Dincic, chef de la direction de santé des armées, a expliqué à la presse que l’état « stable et satisfaisant » du président lui permettrait de quitter l’établissement dans la journée. Selon lui, M. Vucic a ressenti « une douleur thoracique intense » alors qu’il était aux Etats-Unis et des médecins américains ont ensuite constaté que sa pression artérielle était élevée.
« Les médecins américains ont effectué tous les examens nécessaires et le président, contrairement à leur recommandation, a décidé de rentrer au pays, [mais] il n’est pas réaliste de s’attendre à ce que le président puisse reprendre pleinement ses activités régulières dans les jours à venir », a ajouté le médecin, ajoutant que M. Vucic avait rencontré des « problèmes similaires » trois fois, au cours des dix dernières années.
Elu à la présidence en 2017 après trois années passées à la tête du gouvernement, M. Vucic avait été brièvement hospitalisé en 2019 pour des « problèmes cardiovasculaires ». Le chef de l’Etat est confronté depuis novembre à un mouvement de contestation sans précédent depuis des décennies, déclenché par un accident survenu à la gare de Novi Sad, dans le nord de la Serbie. Le 1er novembre 2024, l’auvent en béton de cette gare, tout juste rénovée, s’était effondré, tuant 16 personnes dont deux enfants. Beaucoup en Serbie mettent en cause la corruption qui aurait entaché les travaux de rénovation.
« Fiasco »
M. Vucic figure par ailleurs sur la liste des invités dont la présence a été confirmée aux célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie organisées à Moscou le 9 mai. Lors d’une conférence de presse, jeudi, devant les médias serbes, il avait assuré qu’il s’y rendrait, en dépit des pressions européennes. Interrogé samedi sur le sujet par l’AFP, son cabinet ne s’est pas prononcé.
A la veille de son déplacement aux Etats-Unis, entamé mercredi, M. Vucic avait annoncé deux rencontres avec Donald Trump « au cours des quatre prochains jours ». Selon un journal proche du dirigeant nationaliste serbe, l’une d’elles devait avoir lieu à Mar-a-Lago, propriété du président des Etats-Unis en Floride.
Le Monde Mémorable
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Découvrir
Dans un message vidéo diffusé à son arrivée en Floride, M. Vucic a évoqué « des réunions importantes » avec les plus hauts responsables du Parti républicain et de l’Etat. Avant de rentrer en Serbie, il a notamment rencontré l’ex-avocat personnel de Donald Trump et ancien maire de New York, Rudy Giuliani.
Plusieurs figures de l’opposition ont qualifié le déplacement présidentiel de « fiasco » ou de « débâcle », parce que, selon eux, il n’aurait pas réussi à rencontrer son homologue américain. « Il couvre son fiasco avec une histoire de problème subit de santé l’obligeant à rentrer d’urgence à Belgrade. Il n’y a pas de médicament (…) en Amérique », a ironisé sur X Zdravko Ponos, chef de file du parti centriste et farouche opposant du président, qui fut son adversaire à l’élection présidentielle de 2022. M. Ponos a aussitôt été qualifié d’« individu méprisable » par la présidente du Parlement, Ana Brnabic, une proche d’Aleksandar Vucic, qui a dénoncé sa « méchanceté » et sa « haine » à l’égard du chef de l’Etat.
La pression exercée par les manifestants a conduit à la démission du premier ministre et à la chute du gouvernement. En réponse à la colère exprimée depuis six mois, Aleksandar Vucic a alterné appels au dialogue et accusations selon lesquelles les manifestants, qui sont surtout des étudiants, étaient manipulés de l’extérieur.