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Histoires Web mardi, avril 29
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« Les gens ne peuvent pas cuisiner chez eux et, dès qu’ils se sont rendu compte que ça allait durer, il s’est formé une queue immense »

Devant la boulangerie Masa Madre, dans la rue principale de la petite ville de Villanueva de la Cañada (📍), près de Madrid, en Espagne, la vendeuse Paula Lopez, 25 ans, tente désespérément de baisser le rideau électrique manuellement pour pouvoir fermer la boutique. Des dizaines de riverains ont vidé les étagères de quiches, d’empanadas (sortes de chaussons salés) et d’autres mets froids. « Il ne nous reste plus rien, beaucoup de supermarchés ont dû fermer, les gens ne peuvent pas cuisiner chez eux et, dès qu’ils se sont rendu compte que ça allait durer, il s’est formé une queue immense », explique la jeune femme, qui n’a pu vendre qu’à ceux qui disposaient d’argent en espèce. Elle attend le propriétaire de la boutique pour qu’il vienne l’aider, mais ne peut l’appeler, car elle n’a plus d’accès au réseau téléphonique.

A ses côtés, une cliente, Antonia Tirado, 70 ans, se dit inquiète. « Il paraît que c’est une attaque informatique, j’ai peur que si cela dure les gens deviennent nerveux et que cela dégénère en bagarres… », avoue-t-elle, visiblement inquiète. A la radio, les reporters expliquent les scènes de chaos vécues à Madrid ou à Barcelone, où les feux rouges ne marchent pas et où la circulation est devenue impossible, les sauvetages de gens enfermés dans des ascenseurs, les évacuations de trains et métros à l’arrêt entre deux stations, et des situations d’angoisses, comme celle d’une personne atteinte de sclérose en plaques sous assistance respiratoire vingt-quatre heures sur quatre qui n’a plus que quelques heures de réserve de batterie et doit attendre les pompiers pour descendre de chez elle car elle vit au 6e étage et que l’ascenseur est à l’arrêt.

A Villanueva, dans un grand bazar chinois, l’un des rares magasins restés ouvert, les habitants se sont rués sur les piles, les bougies, les radios à pile, parcourant les rayons plongés dans le noir en s’éclairant à la lumière de leur téléphone. Juste en dessous, le supermarché Mercadona a aussi pu ouvrir grâce à un générateur autonome et les rayons de plats préparés, de papier toilette et de sac de charbon de bois pour barbecue sont vides. A côté, le supermarché Al campo a fermé ses caisses et tous les employés sont debout devant les portes qu’ils surveillent.

Sandrine Morel (Madrid, correspondante)

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