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Rien n’est encore joué au Parti socialiste (PS) où deux candidats, Olivier Faure et Nicolas Mayer- Rossignol, se disputent la direction dans le cadre du 81e congrès, qui se clôturera à Nancy le 15 juin. Cependant, les signaux que renvoie le début de cette compétition sont alarmants pour la famille socialiste, qui a longtemps dominé la gauche, se maintient au niveau local mais manifeste d’évidentes faiblesses au niveau national.

Le déroulement du premier tour, mardi 27 mai, autour des trois motions restées en lice, a révélé la sévère perte d’attractivité du parti. Le corps électoral revendiqué n’est que de 39 815 personnes, inférieur à celui d’il y a deux ans, là où le PS, dans ses meilleures heures, était capable d’en encarter plus de 200 000.

La plupart des formations politiques sont, il est vrai, à la peine pour recruter, mais, même face au parti Les Républicains qui vient de tenir son congrès et n’apparaît pas en meilleure forme que lui, le PS a du mal à soutenir la comparaison : avec un nombre de votants limité à 24 701, il a fait près de quatre fois moins que son rival de droite. Dans un cas, le congrès a su engendrer un minimum de dynamique. Dans le second, il n’a rien enclenché.

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Si les deux finalistes ont réussi à échapper aux accusations de tricherie qui avaient entaché leur précédent affrontement au congrès de Marseille en 2023, il a tout de même fallu une commission de récolement pour proclamer que 42,21 % des suffrages étaient allés vers Olivier Faure et 40,38 % vers son rival, le maire de Rouen.

Ni l’un ni l’autre n’a pu se prévaloir d’une dynamique : le premier secrétaire sortant a subi la dissidence de Boris Vallaud, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, qui, avec 17,4 % des suffrages, le prive de majorité au conseil national et se place en position d’arbitre pour le second tour, prévu le 5 juin, bien qu’il n’ait pas donné de consigne de vote. De son côté, Nicolas Mayer- Rossignol, qui prétendait empêcher le sortant d’effectuer un quatrième mandat en rassemblant ses opposants, n’est pas du tout assuré d’y parvenir.

L’atonie du débat interne est le troisième symptôme de la perte de vitalité de ce parti pourtant habitué aux confrontations entre courants. Qu’à deux ans de l’élection présidentielle aucune joute ne se soit nouée autour des questions économiques et sociales, de la fiscalité, du régalien, alors même que le PS proclame sa volonté de sortir de l’orbite de Jean-Luc Mélenchon, témoigne de la faiblesse sur le fond des compétiteurs.

Opération de survie

Olivier Faure prône, pour 2027, le rassemblement de toute la gauche non mélenchoniste sans pouvoir assurer qu’il en sera le porte-drapeau. Nicolas Mayer-Rossignol privilégie l’affirmation de l’identité socialiste sans être en mesure de garantir le pouvoir d’influence du PS sur le reste de la gauche. Dans cette situation de grande faiblesse, la carte du rassemblement brandie par Boris Vallaud tient davantage de l’opération de survie que d’une stratégie offensive.

Coincé depuis 2017 entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, qui ont aspiré une partie de son électorat, le Parti socialiste n’a pu résister qu’à la faveur de son alliance électorale avec La France insoumise. Sortir de sa dépendance, comme le proclament aujourd’hui les prétendants à la prochaine direction, suppose d’avoir structuré une offre attractive. Le parti a tardé à entreprendre le travail. C’est cette lacune qui apparaît aujourd’hui au grand jour et qui devra être rapidement comblée si les socialistes veulent éviter la marginalisation.

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Le Monde

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