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Afin de « sortir du tête-à-tête avec l’Etat français », Nazione, le nouveau parti indépendantiste de l’île, a présenté, dimanche 4 août, lors des 42es Journées internationales de Corte (Haute-Corse), son projet de faire inscrire la Corse sur la liste des territoires non autonomes des Nations unies, autrement dit des territoires à décoloniser, consacrés par le chapitre XI de la Charte de l’ONU. Cette liste, qui regroupe aujourd’hui dix-sept territoires, compte la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie, mais aucun département français.

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Une telle inscription n’aurait aucun effet contraignant pour Paris mais servirait, selon Petr’Anto Tomasi, porte-parole de Nazione, à « créer un rapport de force » en s’appuyant sur la communauté et le droit internationaux. Paris n’apprécierait guère d’être ramené au statut dégradant de puissance coloniale.

Nazione pourrait tout à fait présenter directement sa requête à l’Assemblée générale de l’ONU ou à la Quatrième commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation. Mais, consciente du déséquilibre des forces en présence, la nouvelle formation indépendantiste souhaite obtenir le soutien, dans sa démarche, de l’Assemblée territoriale de Corse, dominée par le parti autonomiste et centriste Femu a Corsica, de Gilles Simeoni, président de l’exécutif territorial.

Un « caillou dans la chaussure » de Gilles Simeoni

Une motion de soutien a été présentée à l’Assemblée territoriale, début février, par la seule élue de Nazione, Josepha Giacometti Piredda. Le temps que le texte transite par toutes les commissions concernées, il devrait être mis au vote fin septembre.

Pour M. Simeoni, cette motion est un « caillou dans la chaussure », voire un piège. Qu’il appelle à voter contre et il perdra toute crédibilité en tant que nationaliste corse. Qu’il la fasse adopter et il perdra alors son statut d’interlocuteur privilégié du ministère de l’intérieur acquis pendant les deux années de négociations pour un statut d’autonomie, formalisés par l’accord de Beauvau du 12 mars, lui-même entériné par un vote à la quasi-unanimité de l’Assemblée de Corse. Aujourd’hui, l’avenir de cet accord est compromis par la dissolution de l’Assemblée nationale et l’arrivée d’un nouveau gouvernement aux affaires.

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Afin de s’assurer du plus grand nombre de soutiens possible à sa démarche, Nazione a l’intention d’adhérer prochainement à un « Front international de libération des dernières colonies françaises », encore en construction, avec des représentants kanak, guyanais et antillais. Ce projet a émergé lors d’une réunion du Mouvement des non-alignés qui s’est tenue en juillet à Bakou. Or, la France accuse l’Azerbaïdjan de pratiquer l’ingérence et de déstabiliser la Nouvelle-Calédonie. « Nous n’avons pas de relation bilatérale avec l’Azerbaïdjan, nos seuls liens sont avec les non-alignés », se défend Mme Giacometti Piredda, qui est aussi porte-parole de Nazione.

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