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A chaque procès de femmes djihadistes, la même question se pose : « Comment peut-on à ce point et avec un tel acharnement combattre pour sa propre servitude ? » C’est ainsi que l’avocat général du Parquet national antiterroriste (PNAT) a débuté ses réquisitions, jeudi 25 septembre, au procès de trois femmes ayant séjourné en Syrie au temps du « califat » de l’organisation Etat islamique (EI). La plus médiatique d’entre elles est Jennyfer Clain, 34 ans, nièce des frères Clain, qui étaient en charge de la propagande francophone de l’EI. Elle comparaît aux côtés de sa belle-mère Christine Allain, 67 ans, et de sa belle-sœur Mayalen Duhart, 42 ans.

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Ce procès se distingue par trois particularités : le côté clanique de ce groupe familial qui a cheminé pendant près de deux décennies de Toulouse à l’Egypte puis en Syrie ; la durée de leur séjour en Syrie, de 2014 à 2019 ; et enfin le nombre d’enfants impliqués, quatre pour Mayalen Duhart, qui a perdu un nouveau-né sur place, et cinq pour Jennyfer Clain. Les enfants, aujourd’hui placés, sont parties civiles au procès de leurs mères et certains, y compris des mineurs, sont dans la salle pour assister à l’audience, qui n’a pas été de tout repos du point de vue émotionnel.

Sur 1 500 départs en zone irako-syrienne, 500 environ ont été le fait de femmes. La grande spécificité de l’EI a été de mettre en place un djihad familial dans lequel les femmes ont un rôle de gardiennes du dogme, d’affermissement de la volonté de combattre ainsi que de reproduction et d’éducation. Autant de tâches que les trois femmes jugées par la cour d’assises spéciale ont rempli en Syrie et même avant. Ce djihad au long cours, qui a débuté par une conversion à l’islam radical au début des années 2000, a fermenté pendant une dizaine d’années avant de trouver un débouché naturel dans l’émigration en Syrie après la proclamation du « califat » de l’EI, en juin 2014.

« Attitude victimaire »

Pendant toute cette période, « aucune de ces femmes n’a été privée de libre arbitre », a estimé l’avocat général, qui a écarté avec force la notion d’« emprise » mise en avant par certaines, estimant que cette « attitude victimaire » était « déresponsabilisante ». Pour lui, leur décision de partir est le fruit d’une adhésion en connaissance de cause au projet djihadiste. Sur place, il fait remarquer qu’elles portaient toutes des armes de poing, des grenades voire une ceinture explosive dans le cas de Christine Allain.

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