Le pape Léon XIV, sensible à la justice sociale, a dénoncé dimanche 18 mai une économie « qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres », lors de la messe d’inauguration de son pontificat, dix jours après être devenu le 267ᵉ pape de l’Eglise catholique.
« Nous voyons encore trop de discorde, trop de blessures causées par la haine, la violence, les préjugés, la peur de l’autre, par un paradigme économique qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres », a déclaré le pape dans son homélie prononcée en italien, qui donne le ton de son pontificat, au terme d’une première semaine chargée au cours de laquelle il a appelé à la paix, au dialogue et à davantage de justice sociale.
Cette messe solennelle riche en rites et symboles, qui a débuté à 10 heures sur la place Saint-Pierre de Rome encadrée par un lourd dispositif de sécurité, marque le début officiel du pontificat du premier pape américain de l’histoire deux fois millénaire de l’Eglise catholique.

Robert Francis Prevost, élu le 8 mai après un conclave de vingt-quatre heures, devait y recevoir à cette occasion les emblèmes pontificaux : le pallium, bande d’étoffe qui se porte sur la chasuble, et l’anneau du pêcheur, une bague rendue inutilisable après la mort de chaque pape.
Avant la messe, le pape de 69 ans, qui a passé plus de vingt ans au Pérou, est allé en papamobile au contact des fidèles, un exercice très apprécié par son prédécesseur François. Debout et souriant à bord du petit véhicule blanc, il a salué et béni la foule qui l’a applaudi, certaines personnes criant son nom, d’autres agitant des drapeaux de leur pays d’origine.
Dirigeants étrangers et têtes couronnées
Le vice-président américain, J. D. Vance – dernier dirigeant à avoir rencontré le pape François, le 20 avril à la veille de sa mort -, est présent aux côtés du secrétaire d’Etat, Marco Rubio, ces deux responsables étant de fervents catholiques. L’élection de Léon XIV, natif de Chicago, a suscité un vif enthousiasme aux Etats-Unis même s’il s’était opposé à la politique anti-immigration de l’administration Trump.
Sont également présents le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, le chancelier allemand, Friedrich Merz, la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, ou encore la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Du côté des têtes couronnées, le roi et la reine Philippe et Mathilde de Belgique, Felipe VI et Letizia d’Espagne, le prince Edouard, duc d’Edimbourg, ont, entre autres, annoncé leur présence.

Bien qu’aucun pape n’ait été couronné lors d’une messe d’investiture depuis Paul VI en 1963, l’événement demeure grandiose et empreint de traditions. Après s’être recueilli devant le tombeau de saint Pierre, sous l’autel central de la basilique, le nouveau guide spirituel des 1,4 milliard de catholiques s’est rendu en procession jusqu’à la place pour la messe célébrée en plusieurs langues et retransmise en direct en mondovision. A l’issue de la cérémonie, le pape saluera une par une les délégations des chefs d’État à l’intérieur de la plus grande église du monde.
Comme pour les funérailles de François le 26 avril, les autorités italiennes ont annoncé des mesures de sécurité drastiques avec 5 000 membres des forces de l’ordre et 2 000 volontaires de la protection civile déployés dans la capitale italienne. Des tireurs d’élite, des plongeurs, une couverture aérienne de l’armée de l’air et des opérations antidrones sont également mis en place. Les fidèles et visiteurs qui n’ont pas pu accéder à la place peuvent suivre la cérémonie sur des écrans géants installés sur la via della Conciliazione, la grande avenue menant au Vatican.
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Au cours de sa première semaine en tant que pape, Léon XIV a profité de ses audiences pour lancer ses premiers appels, de la libération des journalistes emprisonnés à la proposition de médiation aux belligérants du monde entier. Devant le corps diplomatique vendredi, il a insisté sur son engagement social et appelé à lutter contre les « inégalités mondiales » et les « conditions de travail indignes », dans la lignée de Léon XIII (1878-1903), artisan de la doctrine sociale de l’Eglise. Sur une note plus légère, le pape, passionné de tennis, a également reçu au Vatican le numéro 1 mondial, l’Italien Jannik Sinner, qui lui a offert une raquette.