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En visite au Panama, le secrétaire à la défense américain, Pete Hegseth, n’a pas obtenu tout ce qu’il réclamait mais selon un accord bilatéral, vu par l’Agence France-Presse (AFP) jeudi 10 avril, des troupes américaines vont être autorisées à se déployer autour du canal.

L’armée américaine et des sociétés militaires privées engagées par les Etats-Unis « pourront utiliser les sites autorisés, les installations et les zones désignées pour des entraînements, des activités humanitaires (…) et des exercices », dit le texte signé par le chef du Pentagone et le ministre de la défense panaméen, Frank Abrego. L’accord, d’une durée de trois ans renouvelable, précise que les installations seront la propriété de l’Etat panaméen et seront destinées à une « utilisation conjointe » par les forces des deux pays.

Cette concession faite à Washington est une question sensible dans le pays d’Amérique centrale, car elle rappelle l’époque où les Etats-Unis y disposaient d’une enclave avec des bases militaires avant de céder le canal aux Panaméens en 1999.

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Depuis son arrivée au pouvoir, en janvier, l’administration de Donald Trump a placé le canal de Panama, qui permet de passer de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique sans contourner l’Amérique du Sud, en haut de son agenda stratégique, notamment pour contrer les intérêts chinois dans cette zone latino-américaine que les Etats-Unis tendent à considérer comme leur sphère d’influence. Le président américain a même évoqué la possibilité de « reprendre » le canal que les Etats-Unis ont construit en 1914 et cédé au Panama en 1999.

« Nous avons signé plusieurs accords historiques (…) nous sommes en train de récupérer le canal. la Chine avait trop d’influence », a déclaré, jeudi, à une réunion du gouvernement Pete Hegseth, selon le compte X de la Maison Blanche.

La mention « souveraineté inaliénable du Panama » supprimée

Les Etats-Unis participent depuis longtemps à des exercices militaires au Panama, mais la présence à long terme de forces américaines pourrait être un handicap politique pour le président panaméen de centre droit, Jose Raul Mulino, estiment des politologues.

M. Mulino, en déplacement au Pérou jeudi, a confirmé que les Etats-Unis avaient demandé à rétablir des bases militaires dans le pays et des « cessions de territoires », ce qu’il avait refusé. « Vous voulez le désordre (…), mettre le feu au pays ? », a-t-il dit avoir répondu à Pete Hegseth. « Ce canal est et restera panaméen », a-t-il clamé.

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Au cours d’une conférence de presse, mercredi, le ministre de la défense américain avait suggéré que les exercices conjoints étaient « une occasion de relancer » une « base militaire » où opéreraient des « troupes américaines », suscitant un malaise. « Nous ne pouvons pas accepter de bases militaires ou des sites de défense », avait réagi M. Abrego lors de la même conférence de presse.

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Le gouvernement panaméen a dit que les Etats-Unis avaient supprimé une mention de la « souveraineté inaliénable du Panama sur le canal » dans la version anglaise d’un communiqué conjoint. Jeudi, il a demandé à Washington de mettre à jour le texte et de l’inclure.

« Acte de trahison »

Le pays entretient des relations difficiles avec les Etats-Unis, après une occupation américaine de la zone du canal pendant plusieurs décennies et l’opération américaine il y a trente-cinq ans pour renverser le dictateur Manuel Noriega qui avait fait plus de 500 morts. Les visées de Donald Trump sur le canal ont déclenché d’importantes manifestations dans le pays.

Le dirigeant syndical Saul Méndez a condamné l’accord bilatéral, y voyant « un recul de la souveraineté nationale ». « Ce que le gouvernement panaméen a fait est un acte de trahison, ce sont des vendus et ils doivent être jugés », a-t-il déclaré à l’AFP.

Selon la loi, le Panama exploite le canal en donnant accès à toutes les nations. Cette voie maritime assure environ 40 % du trafic de conteneurs des Etats-Unis et 5 % à 6 % du commerce mondial. Mais le président américain a pointé du doigt le rôle de la société Panama Ports Company (PPC), filiale d’un groupe hongkongais, CK Hutchison, qui opère les ports situés aux deux extrémités du canal.

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Sous la pression de la Maison Blanche, le Panama a accusé PPC de ne pas respecter ses obligations contractuelles et a demandé à l’entreprise de se retirer du pays. La société mère des ports, CK Hutchison, avait annoncé en mars un accord visant à céder quarante-trois ports dans vingt-trois pays – dont ses deux ports sur le canal de Panama – à un consortium dirigé par le fonds d’investissement américain BlackRock, pour un montant de 23 milliards de dollars (20,5 milliards d’euros). Furieux, Pékin, a depuis annoncé un examen de l’opération par les autorités chinoises de la concurrence.

Le Monde avec AFP

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