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Histoires Web vendredi, septembre 20
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Qu’il le veuille ou non, parce qu’il est du genre discret et qu’il a tendance à fuir les grandes institutions, François Sarhan apparaît comme la figure emblématique du festival Musica, organisé à Strasbourg, du 20 septembre au 6 octobre. Une exposition (« Epicerie solitaire »), une nouvelle pièce de théâtre musical (Les murs meurent aussi), une partition pour ensemble à cordes (Covaru) donnée en création mondiale et le dernier état d’une performance évolutive (Log Book), inaugurée en 2019, tels sont les éléments d’un « Focus François Sarhan », dont le principal intéressé pense bénéficier pour son adhésion à une démarche créatrice chère au directeur de Musica. « Stéphane Roth voit en moi quelque chose de représentatif d’une certaine tendance de la musique contemporaine qu’illustrent également Simon Steen-Andersen ou Jennifer Walshe, des gens qui ont assumé la manière pluridisciplinaire d’aborder la musique. »

Toutefois, s’il se retrouve dans le travail de ce Danois et dans celui de cette Irlandaise de sa génération, le Français de (bientôt) 52 ans regrette un peu d’avoir dû, encore en 2024, prouver qu’il est un « vrai » compositeur, en écrivant, pour l’Ensemble Resonanz, une œuvre de trente minutes (Covaru), sans recourir à la vidéo, aux arts plastiques ou à la mise en scène. D’autres que lui ont rencontré le scepticisme de leurs collègues compositeurs, pour s’être écartés de la ligne purement musicale de la création contemporaine : Fausto Romitelli, Jacques Rebotier…

François Sarhan comprend qu’on puisse voir en eux certains de ses « parents » mais seulement comme de « grands-oncles éloignés », alors qu’il désigne Pierre Boulez (1925-2016) comme la référence principale de son arbre généalogique, en opposition à l’autre influence marquante de son adolescence, Frank Zappa (1940-1993), « pour le goût de la laideur et du mélange des genres ». Cependant, les compositions écrites au terme d’une formation académique (violoncelle, contrepoint, analyse, orchestration) s’avèrent « totalement bouléziennes ».

Contraint à s’exiler

De fait, comme l’auteur du Marteau sans maître (1954), François Sarhan a connu une situation le contraignant à s’exiler. « En 2010, j’ai eu l’impression que le biotope musical de Paris avait perdu de sa vitalité et que mes préoccupations n’y étaient pas entendues comme en Allemagne ou en Norvège. C’est pourquoi je suis parti. » Fixé d’abord à Prague (en raison d’origines tchèques), François Sarhan vit (depuis 2015) à Berlin et avoue ne plus trop savoir ce qui se passe en France.

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