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Histoires Web mercredi, janvier 15
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Un futur président des Etats-Unis qui annonce son intention de contrôler (voire d’absorber) des territoires appartenant à ses alliés, des patrons de très grandes entreprises qui refusent les règles démocratiquement imposées à leur fonctionnement, des dirigeants et penseurs qui revendiquent l’affrontement viril comme mode de fonctionnement normal du capitalisme… Ces comportements sèment le trouble dans les esprits depuis quelques semaines.

Le dernier livre d’Arnaud Orain, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), intitulé Le Monde confisqué. Essai sur le capitalisme de la finitude (Flammarion, 368 pages, 23,90 euros), propose une perspective historique de ces comportements. L’auteur définit comme « capitalisme de la finitude » l’attitude d’acteurs économiques majeurs, privés et publics, face à la conscience de la finitude des ressources du monde. Alors que le capitalisme concurrentiel désigne la capacité des humains à créer des objets et à s’enrichir par leur échange (vu comme un jeu à somme positive), celui de la finitude se concentre sur la rivalité insurmontable autour des ressources naturelles que sont les océans (espaces du commerce maritime et ressources halieutiques et minérales), les terres (cultivables et abris de ressources minières) et le travail humain. Il vise l’appropriation – essentiellement par la force et finalement sanctionnée par le droit – de ces ressources par des acteurs suffisamment puissants pour y procéder : entreprises géantes ou Etats, souvent les deux ensemble.

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Le cœur de l’ouvrage propose une chronologie qui démontre que le monde entre depuis une dizaine d’années dans une nouvelle ère de domination de cette forme de capitalisme, après une première à l’époque moderne (XVIIe et XVIIIe siècles) et une deuxième entre 1880 et 1945. Il prolonge la pensée de Fernand Braudel, qui distinguait ce qu’il appelait respectivement « économie » (concurrentielle) et « capitalisme » (monopoliste). Deux systèmes à l’œuvre en parallèle, sans claire dynamique entre eux : le premier pour l’échange ordinaire à moyenne distance, typiquement national, le second pour le long cours, typiquement international.

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