L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
La force d’un acteur connu du grand public consiste parfois à se faire oublier : le spectateur ne voit plus la tête d’affiche, mais seulement le personnage à l’écran. Alexis Manenti est donc un berger corse, au milieu d’autres (véritables) bergers, dans Le Mohican, deuxième long-métrage de Frédéric Farrucci. Le comédien, âgé de 42 ans, aux origines corse et serbe, a enchaîné une quinzaine de films depuis Les Misérables (2019), de Ladj Ly, et tient ici son rôle le plus fort. Comme sorti d’un western de John Ford (1894-1973), Joseph, le berger, va devenir un héros, défendant à la fois ses intérêts personnels et ceux de sa communauté. Quitte à se mettre hors la loi.
Corps massif, Joseph est un bloc de souffrance. Ses terres en bord de mer, héritées de son père, sont convoitées par un caïd local. Le genre d’homme auquel on ne dit pas non. Mais l’éleveur de chèvres ne veut rien lâcher, même pour un pont d’or. Armé, le bandit s’invite un matin chez lui. Et ça tourne mal. Comme le dit ce vieux monsieur, en corse : « Ils sont tous devenus fous, sur la côte. » On ne verra pas le coup de feu qui retentit derrière la cabane, mais la détonation marque le début de la cavale du berger, la caméra s’accrochant aux pas affolés de cet homme qui a perdu la tête et commis un crime. On est avec lui, l’absence de musique nous le rend plus proche. On capte son souffle, le bruit des graviers, des feuillages…
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