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Sous la pression de Donald Trump, le Mexique a extradé 29 narcotrafiquants présumés, dont un poursuivi depuis quarante ans par Washington pour l’assassinat d’un de ses agents antidrogue au Mexique en 1985.

Envoyé à New York, Rafael Caro Quintero, 72 ans, a été pendant quatre décennies l’un « des fugitifs les plus recherchés par la DEA [Drug Enforcement Administration, l’agence antidrogue américaine] », souligne un responsable de l’agence antidrogue américaine dans un communiqué du ministère américain de la justice (DOJ), saluant le nouveau rapport de force instauré par le président américain.

Les 29 extradés mexicains risquent la prison à vie pour une série de crimes aux Etats-Unis (trafic de drogues, meurtre, usage d’armes, blanchiment d’argent), d’après le ministère américain de la justice. Rafael Caro Quintero et cinq autres risquent même la peine de mort, d’après le communiqué. Le traité d’extradition interdit cependant l’exécution de la peine de mort, selon les garanties données par les Etats-Unis au Mexique.

Rafael Caro Quintero est poursuivi « pour son implication présumée dans l’enlèvement et le meurtre » de l’agent spécial de la DEA Enrique « Kiki » Camarena en 1985 au Mexique, est-il écrit sur le site du FBI. D’origine mexicaine, « Kiki » Camarena avait été enlevé, torturé et tué par le cartel de Guadalajara, comme le raconte la série Netflix « Narcos : Mexico ».

Lire la critique (2018) : « Narcos : Mexico », un « mano a mano » sanglant à Guadalajara

« C’est également une victoire pour la famille Camarena », se félicite le ministère américain de la justice dans un communiqué.

Rafael Caro Quintero avait été arrêté le 15 juillet 2022 après avoir été libéré en 2013 pour vice de forme par un juge mexicain.

Lire aussi (2022) : Article réservé à nos abonnés Les Etats-Unis réclament l’extradition de Rafael Caro Quintero, « narco des narcos » arrêté au Mexique

D’autres poids lourds du trafic de drogue

Le Mexique a également extradé Antonio Oseguera Cervantes, frère de Nemesio Oseguera Cervantes, leader du cartel Jalisco Nueva Generacion, un des six cartels mexicains récemment placés par Trump sur une liste d’organisations « terroristes ». Ont également été extradés les frères Miguel Angel et Oscar Omar Trevino, du cartel « Z », qui a opéré le long de la frontière avec des méthodes particulièrement barbares.

Plusieurs des narcotrafiquants extradés appartiennent aux cartels mexicains placés par Donald Trump la semaine dernière sur une liste de huit organisations « terroristes » qui menacent les Etats-Unis.

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« Comme le président Trump l’a dit clairement, les cartels sont des groupes terroristes et ce département de justice est engagé dans la destruction des cartels et des gangs transnationaux », a déclaré dans le communiqué la ministre américaine de la justice, Pam Bondi. Le communiqué se félicite du fait que la Maison Blanche « négocie dans une position de force ».

L’annonce de ces extraditions groupées exceptionnelles intervient sous la pression du président américain, qui menace de taxer à 25 % les importations mexicaines à partir du 4 mars, estimant que Mexico n’en fait pas assez dans la lutte contre le trafic de drogue et l’immigration illégale. Plus de 80 % des exportations mexicaines partent vers les Etats-Unis.

L’extradition « s’inscrit dans le cadre des travaux de coordination, de coopération et de réciprocité bilatérale, et dans le respect de la souveraineté des deux nations », assure le communiqué des autorités mexicaines (parquet et du secrétariat de la sécurité).

Rencontre à Washington

Une partie du gouvernement mexicain se trouvait à Washington ce jeudi pour une rencontre avec le secrétaire d’Etat de Donald Trump, Marco Rubio, et d’autres membres de l’administration Trump.

Les autorités mexicaines ont annoncé à cette occasion des « actions coordonnées » avec les Etats-Unis contre la drogue et les armes. L’objectif consiste à « réduire [le nombre de] morts dans les deux pays dus à la consommation de fentanyl illégal » aux Etats-Unis et « à l’utilisation des armes à feu vendues illégalement » au Mexique, a indiqué le communiqué du secrétariat (ministère) mexicain des affaires étrangères.

Régulièrement mis en cause par Washington, le Mexique a déposé dès 2021 une plainte aux Etats-Unis contre des fabricants d’armes américains qu’il accuse d’alimenter la narco-violence.

Début février, Donald Trump avait reporté d’un mois sa menace tarifaire après une discussion avec la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, qui avait annoncé le déploiement de 10 000 membres des forces de sécurité à la frontière.

Le Mexique n’acceptera aucune « invasion » américaine de son territoire sous prétexte de lutte contre le trafic de drogue, a prévenu Claudia Sheinbaum quand Donald Trump a décrété que les cartels étaient des organisations « terroristes » menaçant les intérêts américains.

Le Mexique a par ailleurs demandé aux Etats-Unis l’extradition d’un autre célèbre chef criminel, Ismael « Mayo » Zambada, cofondateur du cartel de Sinaloa avec Joaquin « El Chapo » Guzman. Zambada a été arrêté le 25 juillet au Texas à sa descente d’un vol en provenance du Mexique. Il accuse l’un des fils d’« El Chapo » d’avoir organisé son arrestation.

Le Monde avec AFP

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