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Histoires Web lundi, septembre 16
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Vêtu d’un costume marine qu’éclaire une chemise d’un bleu plus pâle, il tient entre les mains une paire de lunettes. Il la triture mais ne la porte pas. L’accessoire signale au téléspectateur de « La Grande librairie » qu’il a devant lui un homme qui étudie. Mais la tenue et la posture, chics, ne sont pas celles d’un rat de bibliothèque, et peu nombreux sont les historiens ou les journalistes aussi élégants.

Sur le plateau de l’émission littéraire de France 5, le 2 mai, l’allure de Philippe Collin est un savant mélange entre la tenue d’un homme d’affaires et celle d’un intellectuel. Elle pourrait s’apparenter à celle d’un académicien espiègle. Invité pour la parution de son premier roman, Le Barman du Ritz (Albin Michel), le journaliste se montre comme il est au micro : pédagogue et passionné par son sujet, la vie parisienne sous l’Occupation.

A 49 ans, il paraît plus âgé tant il est sérieux. Il a pourtant des raisons d’être léger. Les podcasts qu’il produit pour France Inter rencontrent un succès phénoménal : 20 millions de téléchargements cumulés pour « Face à l’histoire », le titre générique de ces séries qui ont commencé par un portrait de Napoléon, en 2021. Les plus écoutées sont celles sur Léon Blum et sur Louis-Ferdinand Céline. Ses biographies sonores de Pétain et de Jean-Marie Le Pen ont très bien marché, aussi.

Hanté par l’origine sociale de ses héros

Le producteur, qui a inventé une grammaire radiophonique, est aujourd’hui l’une des vedettes de France Inter. A chacune de ses émissions, il donne la forme d’un récit ponctué de formules qui assurent sa signature et entretiennent une dramaturgie : « Retenez bien ce nom » ; « En conclusion de ce premier épisode, souvenez-vous que… » Sans pédanterie, il guide l’auditeur à la manière d’un enseignant.

Preuve de l’ancrage de ces « œuvres » taillées comme de la haute couture dans notre imaginaire : interrogée sur BFM-TV après la dissolution du 9 juin, la députée LFI Mathilde Panot a prétendu bien connaître « l’histoire » de Léon Blum et du Front populaire, parce qu’elle avait « écouté à vélo » le podcast l’été précédent. Au journaliste Benjamin Duhamel, qui la recevait, la députée a affirmé que Manuel Bompard, Clémence Guetté et elle-même avaient davantage ­d’expérience parlementaire que n’en avait Léon Blum en 1936. Or, l’homme d’Etat a dirigé le groupe SFIO à l’Assemblée nationale entre 1919 et 1936 : « C’est une catastrophe, commente Philippe Collin, dans le bar de l’hôtel où nous avons rendez-vous, qui n’est pas celui du Ritz. Elle n’a pas dû bien l’écouter parce qu’elle a dit n’importe quoi. »

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