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Après s’être intéressé aux hommes accusés de violences conjugales dans son récit documentaire Nos pères, nos frères, nos amis (Les Arènes, 2023), le journaliste et écrivain Mathieu Palain passe à nouveau la domination masculine au scanner dans la fiction Les hommes manquent de courage (288 p. 20,90 €), paru en août aux éditions de L’Iconoclaste. Dans un entretien au Monde, il revient sur les réactions masculines suscitées par le procès des viols de Mazan, et notamment la tension autour du #NotAllMen, qui s’est imposé dans le débat public.

Le procès des viols de Mazan a suscité des réactions diverses de la part des hommes dans les médias. L’animateur de France 5 Karim Rissouli, lui, a exprimé la honte d’être un homme. Que pensez-vous de cette prise de parole ?

Pour un certain nombre d’hommes, le terme « honte » à l’égard de notre genre peut être perçu violemment. Mais avoir honte ne veut pas dire que tous les hommes auraient pu être à la place des cinquante accusés, dans cette chambre à Mazan. Ce procès nous donne simplement l’occasion de comprendre que, si tous les hommes ne sont pas des violeurs, les cinquante accusés ont pour dénominateur commun d’être des hommes, plongés dans un même bain depuis l’enfance, élevés dans une même société patriarcale, qui fabrique des violeurs, qui les autorise à se saisir du corps des femmes comme de biens meubles. Ce constat nous oblige à nous interroger.

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Pourtant, quelques jours après le début du procès, le hashtag #NotAllMen a déferlé à grande vitesse sur les réseaux sociaux et dans le débat public. Que cette réaction raconte-t-elle du regard masculin sur les violences sexuelles ?

Dire #PasTouslesHommes, c’est se sentir menacé alors même qu’on nous dit qu’on représente la menace ; c’est détourner l’attention. Le réflexe ne date pas d’hier : les hommes se dissocient de la figure du monstre. Sauf que, dans ce procès, les accusés sont des hommes insérés dans la société, ce ne sont pas des brutes alcooliques et basses de plafond. Au contraire, ils nous ressemblent. C’est juste difficile de se rendre compte qu’on fait partie du camp des violents. Ça implique de remettre en question toute une construction sociale et intime, sur laquelle on se base depuis l’enfance pour avancer. Je pense aussi que certains hommes ont simplement peur de perdre leurs privilèges à la maison comme au travail. Ils réalisent que c’était tellement mieux avant, quand les femmes fermaient leur gueule, quand ils ne devaient pas regarder leurs agissements en face.

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