LETTRE DE RIO DE JANEIRO
Des bouquets de roses blanches, de la samba entonnée à tue-tête et des larmes coulant à grands flots entre les tombes baignées de moiteur tropicale. Ce 23 janvier, cela se voit et s’entend, Rio de Janeiro est en deuil. Au cimetière d’Inhauma, dans le nord de la ville, une petite foule de Cariocas éplorés porte en terre l’un de ses héros. Un héros oxymorique, comme la « ville merveilleuse » sait en produire, tout à la fois trompetant, attachant, inquiétant et malfaisant. José Caruzzo Escafura, dit « Piruinha », était tout cela à la fois, et jusqu’à l’excès.
Décédé la veille à 95 ans, l’homme fut le plus connu et le plus ancien des bicheiros, ces hommes régnant sur le jogo de bicho (« jeu de l’animal »), une loterie clandestine et illégale aux allures de tombola, devenue au fil des décennies une véritable institution brésilienne, ses chefs charismatiques étant élevés au rang de légendes urbaines.
Mille personnes et trente couronnes de fleurs, des pluies d’hommages venus des plus grandes écoles de samba de Rio, une minute de silence rendue par le club de Botafogo avant un match… il n’en fallait pas moins pour ce dernier adieu unanime à Piruinha.
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