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Un gobelin masqué jette son sac sur son dos, salue une bande de pirates et frôle deux elfes pour rejoindre une soixantaine de personnes tout aussi costumées. Le thème paraît éclectique : armures romaines par-ci, robes à sequins par là, ailes d’oiseau, cornes de démon, et poils sur les pieds pour les hobbits. Certains se vouvoient, d’autres se saluent par une révérence. Réunis le 25 octobre dans le château de la Chesnaie, dans le Val-d’Oise, ils semblent participer à une immense pièce de théâtre, mais c’est en réalité un jeu de rôle (JDR) grandeur nature – GN pour les habitués. Toute la journée, ces joueurs se plongent dans un monde de fantasy médiévale en interprétant le personnage de leur choix, au gré du scénario concocté par l’équipe d’organisation.
Le concept est loin d’être nouveau et trouve ses racines dans les murder parties, enquêtes géantes qui voient le jour en Angleterre dans les années 1930, sous l’influence des romans d’Agatha Christie. Ajoutez-y une pincée de jeu de rôle sur table à la Donjons & Dragons, avec ses règles complexes et ses points de compétences, et vous obtenez les jeux de rôle grandeur nature fantasy, qui réunissent parfois plusieurs milliers de joueurs. Le plus gros GN français, les Chroniques de Kandorya, en rassemble chaque année plus de 2 000.
L’aventure du jour, Ishural. Les secrets de l’Académie, est la suite d’un jeu de rôle sur table commencé il y a plus de dix ans par une bande d’amis. Joueur de la première heure, Chris, 29 ans, est venu tout droit des Alpes pour sa première expérience grandeur nature. Il incarne Salamandrak, magicienne à la tête de reptile. « C’est très émouvant de la jouer en costume après des années de jeu de rôle sur table », confie ce prof de SVT, les lunettes à peine visibles derrière son masque imposant. Habitué du cosplay, c’est-à-dire du costume inspiré de personnages fictifs, Chris a presque tout conçu à la main, de la tête faite de « carton, papier mâché, scotch, peinture et de deux balles de ping-pong » aux écailles peintes sur ses gants.
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