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CANAL+ CINÉMA(S) – VENDREDI 10 JANVIER À 21 HEURES – FILM

En adaptant Le Jeu de la reine (Queen’s Gambit. A Novel of Katherine Parr), premier tome de la trilogie sur les Tudors de la romancière anglaise Elizabeth Fremantle − publié en 2012 et traduit en français en 2022 aux Editions Hauteville −, le réalisateur brésilien Karim Aïnouz célèbre une femme brillante jusqu’à présent peu représentée dans l’histoire de la dynastie… L’inédite Catherine Parr, la sixième épouse du roi Henri VIII, qui a répudié ou assassiné la plupart de ses ex-femmes, risque sa vie pour s’être de nouveau rapprochée du mouvement réformiste qui plaide presque ouvertement pour l’anarchie.

Karim Aïnouz nous avait habitués à des chroniques de mœurs contemporaines saisies dans son pays (Marin des montagnes, 2021). Il fait ici un grand saut vers le film d’époque anglophone. La trilogie sur les Tudors, énorme succès de librairie, surfe sur la vague du néoféminisme et de la célébration des femmes fortes, dont la reine Catherine Parr, héroïne de ce premier opus, est un bel exemple.

En préférant le récit de la persévérance à celui de l’émancipation, le réalisateur fait un pas de côté. Le Jeu de la reine progresse en gros plans, ce qui le démarque des reconstitutions typiques de la cour au XVIe siècle, qui se donnent bien souvent pour mission de montrer tout le cérémonial. Il semble même que nous assistions à quelque chose qui relève du queen porn ou du king porn, avec ce goût pour l’esthétique des entrailles qui rappelle sans doute la férocité d’antan. Si l’approche est un peu factice, notons que Jude Law, dans le rôle du roi purulent, change radicalement de registre. C’est le grand événement du film.

Mari physiquement monstrueux

Sixième femme d’Henri VIII, qu’elle épouse en 1543, Catherine Parr se distingue par l’intelligence de sa gouvernance comme régente, tandis que son mari fait la guerre à François Ier, elle a des sympathies pour les forces progressistes du royaume et professe une inclination pour la Réforme.

C’est ce dernier engagement qui manquera de la faire brûler en place publique, l’évêque Etienne Gardiner étant parvenu à convaincre le monarque de l’hérésie de sa femme. Son intelligence lui permet toutefois de reconquérir les faveurs d’un mari devenu mentalement et physiquement monstrueux avec l’âge.

A partir de quoi, après le versant poudré et sophistiqué de la royauté selon Maïwenn (Jeanne du Barry, 2023), voici la part rustique et scrofuleuse de la cour. Boiseries sombres et lumière de cave. Roi dingo et jambe gangréneuse. Brouillard sur la plaine, partition compassée et peste noire. Personnages en carton. Vu et revu cent fois. Avec l’étendard féministe qui, désormais, flotte sur la marmite académique.

Le Jeu de la reine, film de Karim Aïnouz (EU-RU, 2023, 120 min). Avec Alicia Vikander, Jude Law, Simon Russell Beale. Disponible à la demande sur MyCanal.

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