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Dans une France en recomposition politique permanente, plus rien ne semble pouvoir freiner le rapprochement entre le parti Les Républicains (LR) et le Rassemblement national (RN). Surtout pas les dirigeants du vieux parti jadis gaulliste qui, à force de vouloir freiner leur chute en collant aux thématiques d’extrême droite, prennent le risque de se faire absorber par le parti de masse qu’est devenu le RN et de servir de marchepied à Marine Le Pen et à Jordan Bardella dans leur volonté de conquérir Matignon et l’Elysée.

Depuis un mois, les personnalités de LR s’appliquent à cisailler le dernier fil du cordon sanitaire qui a longtemps séparé les héritiers du général de Gaulle et les descendants de Jean-Marie Le Pen, défenseur de la France de Vichy et de l’Algérie française.

Après la démission de Sébastien Lecornu, le président de LR, Bruno Retailleau, a appelé à ne donner « aucune voix à la gauche » lors d’une élection législative dans la 1re circonscription du Tarn-et-Garonne. Un appel implicite à voter pour le candidat de l’Union des droites pour la République soutenu par l’extrême droite, allant au-delà de la stratégie du « ni PS-ni FN », cette fissure dans le rempart républicain déjà ouverte par Nicolas Sarkozy lors des élections cantonales de 2011.

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Partout, cette brèche ne fait que s’agrandir. Au Parlement européen, le vice-président de LR, François-Xavier Bellamy, a voté pour une motion de censure rédigée contre Ursula von der Leyen par les Patriotes pour l’Europe, le groupe auquel appartient le RN. Dans sa réponse à la déclaration de politique générale de M. Lecornu, mardi 14 octobre, le président des députés LR, Laurent Wauquiez, a dénoncé, lui, la « folie de l’extrême gauche, qui est le principal danger politique pour l’avenir de notre République », sans ajouter une ligne sur l’extrême droite.

Elargir la fenêtre d’Overton

Cette convergence s’accompagne d’une confusion totale sur le plan des idées. Depuis les élections législatives de 2024, il est devenu quasiment impossible de différencier les deux camps sur l’immigration, avec une exploitation de chaque fait divers relayée par les médias de la sphère Bolloré, ou sur l’écologie, avec une multiplication des critiques contre les énergies renouvelables et contre les agents de l’Etat chargés de la protection de l’environnement.

A l’époque ministre de l’intérieur, M. Retailleau a estimé que l’Etat de droit n’était ni « intangible, ni sacré ». Ayant voulu rejoindre le gouvernement pour montrer une image responsable de son parti, le président de LR y a légitimé certaines idées défendues par les partisans d’une « union des droites », participant ainsi à l’opération de dédiabolisation de l’extrême droite.

Une stratégie très dangereuse et politiquement inefficace. Car les sympathisants de la droite semblent de plus en plus préférer l’original à la copie. De sondage en sondage, le taux des électeurs LR qui pensent que le RN est capable de gouverner ne cesse de grimper. Une évolution particulièrement sensible chez les retraités, un électorat crucial qui se déplace dans les isoloirs et a jusqu’ici été un frein à l’ascension de Marine Le Pen.

A moins de deux ans de l’élection présidentielle, la droite n’a pas progressé dans l’opinion mais a pris le risque d’élargir la fenêtre d’Overton, rendant acceptable l’idée de voter RN pour des électeurs jusque-là rétifs à cette hypothèse.

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Le Monde

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