Human Rights Watch accuse Israël d’attaques aveugles contre des civils durant sa guerre ouverte contre le Hezbollah
Dans un rapport publié mercredi, l’ONG Human Rights Watch (HRW) accuse Israël d’avoir mené des frappes aériennes aveugles durant sa guerre ouverte contre le Hezbollah à l’automne de 2024, citant l’exemple d’un village de l’est du Liban où 33 civils ont été tués. Un accord de trêve conclu le 27 novembre a mis fin à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le Hezbollah pro-iranien, qui ont fait plus de 4 000 morts.
Selon un rapport de l’ONG, le 25 septembre, une bombe aérienne guidée JDAM de fabrication américaine a touché un immeuble habité, tuant 23 membres d’une famille syrienne à Younine, dans l’est du Liban. Une seconde frappe, conduite le 1er novembre, y a détruit une maison et tué dix civils, dont cinq femmes et un bébé de un an.
Ces deux frappes « ont manifestement constitué des attaques aveugles contre des civils » et devraient « faire l’objet d’enquêtes en tant que crimes de guerre », dit HRW, qui précise n’avoir trouvé « aucune preuve d’activité militaire, ni de cibles militaires, sur ces deux sites ».
Aucun appel à évacuer n’avait préalablement été émis par l’armée israélienne, selon l’ONG, qui dit avoir contacté l’armée le 24 mars « mais n’a reçu aucune réponse ».
« Un nombre croissant de preuves montrent que les forces israéliennes ont systématiquement manqué à leur obligation de protéger les civils lors de leurs frappes menées au Liban en 2023 et 2024, ou de faire une distinction adéquate entre les cibles militaires d’une part et les civils d’autre part », a déclaré Ramzi Kaiss, chercheur spécialiste du Liban à HRW.
« En fournissant à Israël des armes qui ont été utilisées à plusieurs reprises pour commettre des crimes de guerre apparents, les Etats-Unis se sont rendus complices de leur utilisation illégale », ajoute l’ONG.
HRW appelle le Liban à « conférer à la Cour pénale internationale la compétence d’enquêter et de poursuivre les auteurs de ces crimes » pour « fournir aux familles endeuillées une voie vers la justice ».
L’ONG fait également état d’une troisième frappe à Younine le 21 novembre, « qui a coûté la vie à une famille de quatre adultes », parmi lesquels pourrait se trouver « un combattant du Hezbollah ».
En dépit du cessez-le-feu, Israël continue de mener régulièrement des frappes au Liban, affirmant viser le Hezbollah. Ces frappes ont fait au moins 190 morts au Liban depuis la fin de novembre, selon les autorités libanaises. L’ONU a déclaré la semaine dernière qu’au moins 71 civils figuraient parmi les victimes.