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Plus d’adultes formés en milieu scolaire, une offre de soins plus lisible et graduée, plus de soignants formés…, le gouvernement a dévoilé, mercredi 11 juin, un plan pour tenter de mieux repérer et soigner les troubles psychiques, mais aussi de rendre plus attractive la psychiatrie.

Présentée par le ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins, Yannick Neuder, à l’issue d’un comité stratégique interministériel, cette trentaine de mesures a été annoncée au lendemain du meurtre d’une surveillante de collège par un élève de 14 ans, alors que la santé mentale a été décrétée grande cause nationale en 2025.

Ce plan psychiatrie se veut le « point de départ d’un engagement durable », a déclaré M. Neuder au Parisien. « On doit s’appuyer en priorité sur les moyens que l’on a ». Le ministère n’a pas précisé si des fonds seraient débloqués. La grande cause nationale ne sera « pas qu’un slogan », avait affirmé récemment le ministre, confronté aux critiques relatives à l’inaction de l’exécutif, y compris au sein de la majorité. Environ un tiers des postes de praticiens hospitaliers sont vacants, et le nombre de lits a été réduit, alors que celui des patients a doublé depuis ces vingt dernières années.

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Le premier axe du plan a pour but de favoriser les repérages et les interventions précoces, notamment chez les jeunes de 12 à 25 ans. Il reprend certaines mesures annoncées à la mi-mai par la ministre de l’éducation, Elisabeth Borne, jugées « étriquées » par certains syndicats.

Il s’agit notamment de former deux adultes repères dans chaque établissement du second degré et chaque circonscription du premier degré d’ici à 2026, de déployer un modèle national de repérage et d’intervention précoce ou de former 100 % des membres du personnel de santé scolaire au repérage précoce.

« Sans moyens financiers, on ne voit pas bien comment ça peut fonctionner, [alors] qu’on manque cruellement d’infirmières, de médecins et de psychologues scolaires, d’assistantes sociales », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Catherine Nave-Bekhti, au nom de la CFDT Education. « On ne peut pas faire peser le poids de ce défi uniquement sur les personnels déjà en place », a, quant à elle, estimé Sophie Vénétitay, du SNES-FSU.

Il est aussi prévu de mobiliser les étudiants du service sanitaire intervenant dans les établissements scolaires pour former les jeunes aux compétences psychosociales et de former 300 000 secouristes en santé mentale d’ici à 2027, ce qui reviendrait à doubler leur nombre.

Pour une psychiatrie plus accessible

Le deuxième axe doit favoriser « une psychiatrie de proximité, lisible et accessible », pour mieux traiter avant, pendant et après une crise aiguë. Entre autres mesures, il recommande d’accorder un appui financier prioritaire aux centres médico-psychologiques proposant des créneaux de rendez-vous non programmés et des dispositifs de suivi intensif, ainsi qu’un renforcement de la régulation des urgences en psychiatrie pour orienter vers des soins adaptés.

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Aux urgences psychiatriques, le gouvernement souhaite des profils diversifiés dans les équipes (pairs aidants, travailleurs sociaux…) et des formations aux solutions autres que l’isolement ou la contention. En ville, il veut atteindre 12 000 psychologues conventionnés pour Mon Soutien Psy d’ici à 2027, contre 6 000 aujourd’hui.

Accès dégradé, pénurie de moyens, inégalités territoriales, droits fondamentaux bafoués : le comité d’éthique s’est alarmé à la fin de janvier de la crise de la psychiatrie et a souligné l’urgence d’un plan ambitieux.

Troisième axe de ses mesures, pour « reconstruire » la psychiatrie, le gouvernement entend « renforcer la formation » des étudiants en médecine, avec un module en psychiatrie avancée dans chaque faculté, couplé à un stage pratique. Le nombre d’internes en psychiatrie sera porté de 500 à 600 par an à partir de 2027. Comme le recommandait le rapport des députées Nicole Dubré-Chirat et Sandrine Rousseau, une mission planchera sur les conditions de travail en psychiatrie, avant un plan d’action en 2026.

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Globalement, « on ne peut pas rattraper dix ans d’atermoiements et d’attente en deux coups de cuillère à pot. On prend ces mesurettes, mais ça ne va pas résoudre quoi que ce soit », a déclaré à l’AFP Jean-Pierre Salvarelli, du syndicat des psychiatres hospitaliers.

« Il y a des grandes lignes, mais il manque des éléments financiers majeurs, un échéancier et quantité de mesures : il n’y a rien sur la prévention, le repérage précoce, la recherche et la question des jeunes, qui revient régulièrement », a estimé la psychiatre Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH).

Les troubles psychiques touchent environ une personne sur trois, et quelque 2 millions de Français sont pris en charge en psychiatrie chaque année. La crise du Covid-19 a accentué la dégradation de la santé mentale, notamment chez les jeunes.

Le Monde avec AFP

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