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Les ouvriers des ateliers Louis Vuitton ne sont en rien surpris des revers de LVMH au troisième trimestre. « Depuis des semaines, les sacs à main s’accumulent dans nos entrepôts, sans être expédiés. Et la direction nous impose de prendre nos congés, dès maintenant, pour réduire la production », s’inquiète un représentant du personnel de l’une des dix-huit usines françaises de la marque phare du groupe LVMH.

Depuis août, les sous-traitants de Louis Vuitton s’y attendaient aussi : plusieurs subissent une baisse drastique du nombre d’heures que le fabricant leur achète pour fabriquer ses modèles. Chez l’un d’entre eux, le contrat Louis Vuitton s’est effondré en quelques mois, atteignant une fourchette de 350 000 à 390 000 heures de production pour l’année 2024, contre 400 000 à 450 000 initialement prévues en début d’année, d’après nos informations. Car les ventes de sacs à main et articles de maroquinerie, dont Louis Vuitton tire environ 75 % de son chiffre d’affaires, calent.

Ces mesures rares répondent à une situation exceptionnelle. Pour la première fois depuis la crise due au Covid-19, les ventes globales du groupe de luxe, numéro un mondial du secteur, ont chuté de 3 %, au troisième trimestre 2024, après de faibles progressions de + 1 % au deuxième trimestre et + 3 % au premier trimestre, d’après les données publiées par le groupe, mardi 15 octobre. Ces évolutions sont en deçà des prévisions trimestrielles établies par les analystes financiers ; la plupart tablaient sur une stabilité de l’activité, voire une légère progression.

« Ce ne sera pas une crise courte »

Aux yeux des marchés financiers, la santé de la division mode et maroquinerie est, probablement, la plus inquiétante. Car Louis Vuitton, Dior et autres Céline pèsent lourd : ils ont généré près de la moitié du chiffre d’affaires mondial de LVMH, établi à 86,2 milliards d’euros en 2023 et les trois quarts de son résultat opérationnel. Or, au troisième trimestre 2024, les ventes de cette division ont reculé de 5 %, après + 1 % et + 2 %, respectivement, aux deuxième et premier trimestres.

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Le dérapage du leader du secteur n’augure rien de bon pour les trois derniers mois de 2024. D’autant que la fin de l’année est toujours une période-clé de ventes aux Etats-Unis, premier marché mondial du luxe. Le pays devance la Chine, où, d’après les estimations du cabinet de conseil Bain & Company, les ventes de sacs à main et autres parfums avaient encore progressé de plus de 10 % en 2023. Depuis l’été 2024, il n’en est plus rien. Confrontés à la crise de l’immobilier, les Chinois les plus riches épargnent. Les plus jeunes, bassin de clientèle hors normes depuis près de dix ans, renoncent à dépenser, par crainte du chômage. Les centres commerciaux de luxe se vident.

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