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Histoires Web samedi, octobre 26
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Attentif à la situation au Proche-Orient, le festival Cinemed, à Montpellier, a été au cours de son histoire régulièrement rattrapé par les conflits qui déchirent la région. Ce fut exemplairement le cas de l’édition qui s’est tenue du 20 au 28 octobre 2023, dans le sillage immédiat des massacres sans nom commis par le Hamas, le 7 octobre 2023. La situation se représente, cette année, aggravée si besoin était par l’ampleur d’une rétorsion israélienne qui ne s’est pas non plus épargné la barbarie de bombardements massifs contre les civils.

Lire le reportage (2023) : Article réservé à nos abonnés Sur les écrans de Cinemed, un contrechamp à la guerre au Proche-Orient

Onze films, courts et longs-métrages confondus, en provenance de cette zone à feu et à sang ont été sélectionnés. On y dénombre six films palestiniens, quatre libanais, un israélien. Décompte qui interpelle, s’agissant d’une situation aussi humainement et politiquement sensible. Les films israéliens n’ont pourtant pas manqué, depuis un an. Deux d’entre eux ont été sélectionnés à la Mostra de Venise, en dépit du boycott qui les visait : Of Dogs and Men, de Dani Rosenberg, et Why War, d’Amos Gitaï. Cette réduction de la présence israélienne, inexplicable eu égard à l’actualité, accréditerait-elle la rumeur de « boycott officieux » des festivals, qui court depuis Cannes ?

Christophe Leparc, le directeur de la manifestation, s’en défend : « Dans le processus de sélection, on ne s’interdit rien, on n’a aucune forme de censure. La sélection s’est faite, comme chaque année, en considérant avant tout le point de vue cinématographique. Les propositions qui venaient d’Israël étaient moins nombreuses et qualitativement pas terribles. Beaucoup d’interventions trop à chaud n’étaient pas toujours les plus convaincantes. Manquait peut-être ce temps d’incubation pour poser les choses et que cela devienne une œuvre artistique. » L’argument est si légitime qu’il concerne, en vérité, la majorité du corpus sélectionné à Montpellier.

Humanité commune

C’est une banalité de dire que la souffrance et la haine accumulées ne favorisent pas ce qu’on serait idéalement en droit d’attendre du cinéma : l’intelligence d’une complexité historique, l’impératif d’une présence partagée. Peu de films comblent cette attente, seuls y parviennent ceux qui prennent le risque d’une distanciation salutaire, non seulement avec la déflagration en cours, mais plus largement avec ce mutuel refus de reconnaissance, qui empoisonne de longue date la région. Vers un pays inconnu (sortie en mars 2025), du Palestinien Mahdi Fleifel, prend ainsi délibérément le large, suivant, en Europe, sur le mode tragi-comique, deux réfugiés palestiniens bloqués en Grèce, mais décidés à faire fortune en Allemagne.

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