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On pourrait raccrocher ce dilemme à l’actualité – celle, par exemple, qui a vu l’annulation de la projection du Dernier Tango à Paris (1972), de Bernardo Bertolucci, par La Cinémathèque, à la suite des protestations d’associations féministes, qui par ailleurs n’en demandaient pas tant (mais plus simplement une contextualisation du film, qui comporte une scène de sodomie simulée, tournée sans que l’actrice Maria Schneider en ait été prévenue). « Personne n’aurait pris satisfaction à voir ce film dans ces conditions-là. Je pense que même les cinéphiles n’ont pas nécessairement envie de se retrouver dans une ambiance de guerre civile. Personne n’a rien à y gagner », déclarait au Monde le président par intérim du Centre national du cinéma et de l’image animée, Olivier Henrard. Mais toutes les annulations, mises en garde, tous les procès et condamnations ne règlent pas – pas toujours – le malaise qui se pose quand on aime, encore, l’art de ceux qui nous révulsent moralement.

L’écrivain et rappeur Gaël Faye parlait le 4 décembre au micro du journaliste Mouloud Achour, qui lui posait la question : que faire de ces « idoles », R. Kelly, P. Diddy, Michael Jackson, ou plutôt que faire de leur musique, maintenant qu’on sait ce que l’on sait ? « On brûle nos idoles peu à peu, se désolait l’écrivain. On ne peut plus accepter que ces choses-là passent, se dire “ce n’est pas grave”. » Ce n’est pas de boycott dont Gaël Faye parlait, mais du rapport intime que l’on a avec un artiste : « Je n’arrive plus à écouter Michael Jackson. Et je le dis avec peine. Quelque chose s’est brisé en moi. » Pour lui, la question ne se pose pas comme un dilemme : c’est presque à regret qu’il n’arrive plus à aimer ce qu’il a aimé.

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