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Histoires Web dimanche, avril 27
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A une époque où le « vivre-ensemble » tient au pire d’un slogan creux et au mieux d’une espérance incertaine, écouter Roseline Hamel, 84 ans, et Nassera Kermiche, 62 ans, raconter leur rencontre procure, au-delà de l’admiration que leur courage inspire, un certain optimisme. Comment deux femmes qui devraient logiquement se haïr ont-elles pu trouver la force de se parler, puis de se rencontrer et, enfin, de s’entraider ?

Comment la sœur de Jacques Hamel, le curé de Saint-Etienne du Rouvray (Seine-Maritime) assassiné le 26 juillet 2016, a-t-elle pu se rapprocher de la mère d’Adel Kermiche, l’un des deux jeunes islamistes de 19 ans qui ont sauvagement poignardé le prêtre qui venait de célébrer la messe, avant d’être abattus par la police ?

Si symboliquement terrifiante, l’image du curé de 85 ans lardé de coups de couteau dans son église par deux jeunes Français radicalisés au cri d’« Allah akbar », quelques jours après l’attentat de Nice et quelques mois après celui visant Charlie Hebdo et les attentats du 13-Novembre, est probablement de celles qui ont le plus profondément choqué la France.

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C’est pourquoi l’impensable dialogue entre la sœur du prêtre martyrisé et la mère de son assassin, raconté dans un livre (Sœurs de douleur, de Samuel Lieven, XO éditions, 240 pages, 19,90 euros) et magnifiquement audible dans une émission des « Pieds sur terre » de France Culture, tient à la fois du miracle et de la révélation.

Parallélisme des profils

Non pas nécessairement au sens de la foi religieuse car les forces qui leur ont permis de se parler semblent tenir d’abord de la psychologie. « Je ne suis pas venue chercher un pardon, mais pour essayer de gérer ensemble notre douleur », dit Roseline Hamel à Nassera Kermiche la première fois qu’elles se rencontrent. « Roseline n’avait aucun intérêt à venir me voir. Elle l’a fait pour avancer et elle m’a permis d’avancer avec elle », témoigne Nassera Kermiche. Sous l’apparence d’une image pieuse, leur histoire raconte un magnifique travail humain et révèle une complexité qu’avait pulvérisée l’intolérable violence du crime.

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