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CINÉ+ FAMILY – LUNDI 10 MARS À 20 H 50 – FILM

Jean-Jacques Annaud s’est très souvent amusé à plonger des humains dans un bouillon de culture qui leur est étranger. Le Dernier Loup appartient à cette catégorie. Cette histoire chinoise, racontée par un Français, met aux prises la civilisation nomade des éleveurs mongols et la colonisation de peuplement du pouvoir de Pékin. Tirée du roman de Lü Jiamin, alias Jiang Rong, Le Totem du loup (2004), l’ouvrage le plus lu en République populaire de Chine depuis Le Petit Livre rouge, cette fable spectaculaire ouvre une fenêtre sur un monde et ses enjeux qui – par la grâce d’un cinéaste qui retrouve sa faculté d’intéresser et d’impliquer le spectateur – nous semble un instant à portée de main.

Lire le récit (en 2015) : Article réservé à nos abonnés Annaud, entre Chine et loups

En 1967, deux étudiants pékinois partent pour la Mongolie-Intérieure, avec pour mission d’alphabétiser les nomades mongols. Sans trop de regrets, nous dit la voix off de Chen Zen (Feng Shaofeng), le héros et narrateur, accompagné de son meilleur ami, Yang Ke (Shawn Dou). On est à l’an 2 de la Révolution culturelle, mentionnée, mais pas vraiment évoquée.

Présentés comme des élèves instituteurs ayant pour mission d’alphabétiser les nomades mongols plutôt que comme l’avant-garde rouge, les deux citadins sont accueillis à bras ouverts par la horde à laquelle ils sont affectés. Chen Zen, fasciné par les loups qui suivent les éleveurs et leurs troupeaux, boit comme du petit-lait (de jument) les paroles du chef, qui lui enseigne les rudiments de l’équilibre écologique en l’appuyant sur une cosmogonie animiste.

Récit d’aventure

Annaud filme avec une tranquille assurance la grandeur des paysages, la grâce des êtres et la conduite d’un récit qui navigue habilement entre les figures imposées du genre et les allusions discrètes au contexte historique.

Ce film de commande est aussi la chronique de la fin d’un mode de vie. La famine qui règne dans le reste de la Chine force les Mongols à chasser, à abattre leur bétail ; le commissaire politique du district encourage la venue de paysans sédentaires. C’est sans doute ce que le film montre de plus beau, ces plans au bord d’un lac dont la sérénité est troublée par l’arrivée de gens qui n’ont d’autre tort que de vouloir faire pousser des céréales. Une perte inéluctable, peut-être nécessaire, mais irréparable.

Lire le décryptage (en 2015) : « Le Dernier Loup » de Jean-Jacques Annaud pas assez chinois pour les Oscars

Cette tristesse n’est que le contre-chant de la mélodie principale du film, qui tient plutôt du récit d’aventure, avec ses morceaux de bravoure – chevauchée à travers la nuit pour sauver un enfant, attaque d’un troupeau par une meute de loups –, ses personnages taillés à la serpe (la vigoureuse bergère, le chef d’une infinie sagesse…), ses images saisissantes de troupeaux de gazelles ou de chevaux saisis par la glace.

Le Dernier Loup, film de Jean-Jacques Annaud, coécrit avec John Collee (CN.-Fr., 2015, 113 min). Avec Feng Shaofeng, Shawn Dou, Ankhnyam Ragchaa. Diffusé sur Ciné+ Family et disponible à la demande sur MyCanal.

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