Installée depuis dix ans en tant que marque autonome au sein du groupe Stellantis, DS soutient que le « luxe à la française » a un sens dans l’univers automobile. Malgré des résultats commerciaux très décevants, cette conviction perdure à travers son tout nouveau modèle, appelé à devenir « le fleuron de la gamme ». Contrairement à ses prédécesseurs, celui-ci sera dénommé non pas avec un simple chiffre mais un numéro. Bienvenue donc à la DS No 8, allusion parfumée à la grande tradition du haut de gamme bien de chez nous.
Dans la brève histoire de DS, seuls deux véhicules sortent du lot : la DS3, sorte de Mini à la française à laquelle a succédé un SUV sans relief ; et la DS7, grosse voiture statutaire principalement appréciée dans l’Hexagone. Les autres n’ont jamais percé. Pour DS, le huit n’est pas encore le numéro de la dernière chance, mais l’on s’en rapproche. Les ventes de la marque ont reculé de 25 % depuis le début de l’année en Europe, où sa part de marché ne représente que 0,3 %.
En France, le constructeur n’atteint pas la barre des 1 %, et il a dévissé de 12 % en un an. L’ex-PDG de Stellantis, Carlos Tavares, avait donné jusqu’à 2030 aux quatorze marques du groupe – dont plusieurs sont à la peine depuis des années – pour justifier leur existence. Compte tenu de l’obligation de redresser les comptes dégradés du groupe, on ne peut exclure le risque que son successeur soit tenté de précipiter l’échéance.
Entre originalité et exercices imposés
Dilemme classique auquel sont confrontées les voitures qui ont quelque chose à prouver à l’étage supérieur : la DS No 8 cherche à faire original tout en respectant les exercices imposés, condition indispensable pour se forger une crédibilité. Quelque part entre une berline, un SUV et un crossover (voiture allongée et surélevée), la nouvelle DS est longue (4,82 mètres), large (1,90 mètre), juchée sur de grandes roues (jusqu’à 21 pouces) et arbore un long capot pour ne pas déparer parmi les BMW et Audi, valeurs sûres du segment.
Comme nombre de ses concurrentes, la No 8 se fend d’une poupe inclinée, mais elle pousse l’exercice encore plus loin, à la manière d’un vrai coupé quatre places. DS va jusqu’à proposer, pour le capot, une teinte différente de celle de la carrosserie – clin d’œil romantique aux grands designers français des années 1930.
La version électrique (qui sera suivie par une hybride) s’équipe de batteries d’une capacité de 74 ou de 97,2 kilowattheures, qui lui permettent de parcourir jusqu’à 750 kilomètres, soit plus de 500 kilomètres sur autoroute, assurent ses promoteurs. Pour afficher une telle autonomie à bord d’un véhicule conçu sur une plateforme non spécifiquement électrique, il a fallu payer un lourd tribut en matière de masse. La nouvelle DS pèse jusqu’à près de 2,3 tonnes.
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