La première ministre thaïlandaise, Paetongtarn Shinawatra, est sur la sellette : conspuée aussi bien par les royalistes que par les progressistes pour sa gestion maladroite du conflit frontalier avec le Cambodge, elle voit se déliter la coalition fragile entre la formation politique des Shinawatra et les partis conservateurs qui lui permet de gouverner depuis août 2024, tandis que le spectre d’un coup d’Etat militaire resurgit dans les débats publics.
Le Cambodge et la Thaïlande s’accusent depuis février d’incursions mutuelles dans des zones contestées de leur frontière, autour de vestiges de temples khmers du temps d’Angkor. Après la mort d’un soldat cambodgien lors d’incidents le 28 mai, le Cambodge a porté, dimanche 15 juin, le différend devant la Cour internationale de justice (CIJ), au grand dam de Bangkok qui souhaite des négociations bilatérales. La Thaïlande a restreint les passages de frontières et, mercredi, le régime autoritaire cambodgien a autorisé une gigantesque manifestation nationaliste dans les rues de Phnom Penh.
Le déclencheur de la crise politique actuelle est une conversation, le 15 juin, entre l’ex-premier ministre cambodgien Hun Sen, qui reste très influent en tant que président du Sénat (son fils Hun Manet est premier ministre), et Paetongtarn Shinawatra, qui a opportunément fuité trois jours plus tard par le biais de l’homme fort du Cambodge. On y entend la dirigeante thaïlandaise appeler Hun Sen « oncle », faire mine de se plier à ses exigences de réouverture des frontières et, surtout, l’inviter à ne pas faire attention aux propos guerriers du général thaïlandais aux commandes de la région frontalière car c’est l’un de ses « opposants ».
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