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CANAL+ – VENDREDI 3 JANVIER À 21 H 00 – FILM

Qui mieux qu’Alexandre Dumas pour « réarmer » le cinéma français ? Placé sous le haut patronage d’un des romanciers les plus lus et les plus adaptés au cinéma naît ainsi le blockbuster français, véhicule d’un star-système hexagonal revigoré et d’une manière bien française d’ouvrager un film. C’est ce qui s’appréciait déjà dans le premier volet des Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon (2023) : la grande tablée d’acteurs venus de tous horizons et, des décors aux costumes, le travail d’orfèvre d’une myriade d’artistes et de techniciens.

Ramassée en un seul film, l’adaptation de Monte-Cristo, récit de métamorphose, quintessence du récit de vengeance tramé d’éducation morale, s’étend sur près de trois heures, une durée rarement atteinte par un film français. Saluons d’emblée l’audace, qui ne pouvait s’adosser qu’à une grande vedette, et sans doute l’acteur le plus aimé de sa génération : Pierre Niney.

Nous sommes en 1815, au début du règne de Louis XVIII. Les bonapartistes sont alors les ennemis du pouvoir en place. Edmond Dantès, simple marin, revenu d’un voyage à bord du navire Pharaon, s’apprête à se marier avec sa belle fiancée catalane, Mercédès, tandis qu’un acte de bravoure le fait nommer capitaine. L’homme est tout près d’embrasser un bonheur intact lorsqu’il devient la victime d’un complot ourdi par des proches qui le font passer pour un dangereux bonapartiste. Il perd tout, se retrouve expédié dans les cachots du château d’If, où il passera quatorze ans.

Plaisir hollywoodien

Il y rencontre l’homme qui changera sa vie : l’abbé Faria. Ensemble, ils tentent de creuser un tunnel pour s’évader. L’abbé meurt après avoir juste eu le temps de lui léguer sa fortune. Seul, Dantès s’évade, avec une unique obsession en tête : se venger de ses ennemis. Richissime, le revenant se fait passer pour le comte de Monte-Cristo et, doté d’un masque qui le rend méconnaissable, infiltre l’intimité de ceux qui ont causé sa perte.

Il faut saluer ici la maestria de cette première partie qui s’agrippe à nous pour ne plus nous lâcher, pressés de connaître la suite et d’observer Dantès mettre son plan à exécution. Cette transe fictionnelle s’agrémente d’un casting touffu, hétéroclite, réconciliant, comme pour Les Trois Mousquetaires, des pans entiers de cinéma français qui n’avaient jamais eu l’occasion de se croiser. Plaisir hollywoodien, rarement français, qui consiste à lire dans les traits de chaque acteur les propriétés de la qualité qu’ils incarnent.

Rien ne vient entraver le plaisir de la fiction. Parfois le film est rattrapé par une envie de trop bien faire, frôlant le scolaire, qui l’empêche d’atteindre à la grande scène, d’ambitionner l’audace formelle – aucune séquence n’en domine une autre, et c’est dommage. Mais c’est aussi ce qui le rend aimable. Son ambition semble se déployer sous la surveillance de Dumas, cherchant à traduire à l’écran l’ivresse que procure sa lecture. Les plans défilent sous nos yeux telles les pages du roman, dont on ne veut perdre une miette. S’invente alors un genre étonnant : le page-turner cinématographique.

Le Comte de Monte-Cristo, de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière. Avec Pierre Niney, Anaïs Demoustier, Bastien Bouillon (Fr., 2024, 178 min).

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