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Histoires Web vendredi, juin 13
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Arlette Testyler a l’habitude de dire qu’elle est née deux fois. Une première en 1933, à Paris, un an après sa sœur Madeleine. Une seconde à Vendôme, en 1942. Leurs parents, des juifs polonais, étaient arrivés en France pour y travailler, fonder une famille, se pensant en sécurité loin des pogroms qui sévissaient déjà dans leur pays. En 1941, le père, Abraham Reiman, qui s’était pourtant engagé dans l’armée française deux ans plus tôt, est arrêté par la police après une convocation pour vérification d’identité. En 1942, il est déporté et assassiné à Auschwitz. Le 16 juillet, Arlette, sa sœur et leur mère sont elles aussi arrêtées par la police française et enfermées dans des conditions inhumaines au Vélodrome d’Hiver, à Paris, au cours de la rafle qui conduit à l’arrestation de près de 13 000 personnes. « C’était l’enfer de Dante », a-t-elle coutume de dire.

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Elles restent enfermées trois jours avant d’être transférées vers le camp de Beaune-la-Rolande (Loiret), en vue d’être déportées en Pologne. Mais, par un miracle dont cette époque tragique a aussi eu les secrets, toutes trois réussissent à s’enfuir et à regagner Paris, avant de se retrouver à Vendôme (Loir-et-Cher), où de nombreuses familles se sont organisées pour cacher des enfants juifs. C’est ici qu’Arlette et sa sœur vont renaître, cachées et sauvées, tout comme leur mère.

Lundi 16 juin, la ville accueillera une cérémonie peu ordinaire. Jeanne et Jean Philippeau, nés en 1913 et 1910, décédés en 1992 et 1993, seront honorés par l’Etat d’Israël. Tous deux recevront la très prestigieuse décoration de Juste parmi les nations décernée par l’Institut Yad Vashem de Jérusalem et la Cour suprême d’Israël. Le couple sera récompensé pour avoir sauvé la vie des deux fillettes ainsi que celle d’un garçon, Simon Windland, aujourd’hui décédé, « sans en avoir tiré profit », précise le Comité français pour Yad Vashem, une condition sine qua non.

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