« Le clivage gauche-droite a du sens pour les électeurs »

Le clivage gauche-droite a-t-il disparu ? Répondre à cette question nécessite de formuler au préalable une première interrogation : à quoi ce clivage sert-il ? Spontanément, on lui reconnaît une fonction de description du champ politique. C’est un système de repères et de classement des forces politiques qui a du sens ou presque pour les électeurs, qu’ils y adhèrent ou qu’ils s’y opposent. Ce sont aussi des identités politiques dans lesquelles continue de se reconnaître un grand nombre de citoyens. Mais, convient-il d’ajouter, ce clivage est également un principe d’analyse de la politique pour les observateurs et les commentateurs de la politique. Sans ce clivage, il leur est plus difficile d’interpréter et d’expliquer la vie publique.

Que s’est-il passé en 2017 ?

En 2017, la conquête de la présidence de la République par Emmanuel Macron, avec le dépassement du clivage gauche-droite pour mot d’ordre, en remet brusquement en question l’une des caractéristiques les plus reconnues : sa permanence. Cette remise en cause prend en l’occurrence deux formes : l’émergence d’une rhétorique pragmatique qui prétend se saisir des bonnes idées à gauche comme à droite ; l’apparition d’un nouveau personnel politique, présenté comme issu en partie de la « société civile » et censé adhérer à cette rhétorique du dépassement.

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