Selon les données les plus récentes (2022) de l’Organisation mondiale de la santé, l’incidence du cancer du sein est plus élevée en France que partout ailleurs dans le monde. Nous sommes sur la plus haute marche d’un funeste podium. Dans un pays où l’on s’intéresse tant aux classements et aux médailles, il est étonnant que cette information n’ait pas été plus relayée à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer, le 4 février, où il a surtout été question de nouveaux traitements, du dépistage, des miracles à venir de l’intelligence artificielle, et de toute une variété d’autres choses qui ont généralement contourné la seule question vraiment intéressante : pourquoi ?
Pourquoi – même après correction des effets de l’âge – une Française a-t-elle un risque de cancer du sein supérieur à toutes les autres femmes de la planète ?
Il existe un élément de réponse optimiste : le système de soins tricolore est très performant et cette maladie est peut-être mieux dépistée qu’ailleurs. C’est probable, mais cela n’épuise pas complètement la question. Car la mortalité par cancer du sein reste, en France, au-dessus de la plupart des pays comparables d’Europe occidentale. Elle est supérieure d’environ 10 % à ce qu’elle est en Belgique, en Autriche ou au Portugal, d’environ 30 % à ce qu’on observe en Suisse, aux Etats-Unis ou en Suède, et de quelque 50 % par rapport à l’Espagne ou la Norvège, par exemple.
« Pourquoi moi ? Pourquoi nous ? »
En France et ailleurs, la fréquence de ce cancer augmente à peu près continûment, en particulier chez les jeunes. Entre 1990 et 2023, le nombre de cas a plus que doublé dans l’Hexagone, passant de 29 934 à 61 214. Moins de la moitié de cette augmentation est due, selon Santé publique France, au vieillissement ou à l’augmentation de la population ; le risque « réel » de contracter cette pathologie a donc augmenté de plus de 50 % en trois décennies.
Les facteurs de risque individuels (alcool, sédentarité, surpoids, traitements hormonaux et, dans une moindre mesure, prédispositions génétiques et tabac) sont-ils prépondérants ? Non : selon l’Institut national du cancer, seulement un tiers des nouveaux cas de cancers du sein (au niveau de l’année 2018) sont attribuables à ces facteurs de risque avérés.
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