Le nouveau premier ministre canadien, Mark Carney, a assuré, mardi 6 mai, que son pays ne serait « jamais à vendre », lors de sa rencontre à la Maison Blanche avec Donald Trump, qui a évoqué à plusieurs reprises son désir de faire du Canada le « 51e Etat des Etats-Unis ». Pour leur premier face à face, la tension était palpable entre les deux dirigeants.
Mark Carney a été élu il y a une semaine sur la promesse de faire face au président américain, dont les menaces angoissent les Canadiens. Mais il doit également éviter de braquer le président républicain s’il veut lui arracher un compromis commercial.
Il a dit avoir eu mardi des « discussions très constructives » avec Donald Trump à la Maison Blanche et assuré qu’ils s’étaient mis d’accord pour continuer le dialogue. « Nous sommes tombés d’accord pour poursuivre nos discussions dans les prochaines semaines et avons hâte de nous retrouver en personne lors du sommet du G7 », prévu en juin au Canada, a déclaré le nouveau dirigeant canadien lors d’une conférence de presse à Washington, peu après sa rencontre avec le président américain.
Donald Trump a toutefois répété qu’il ne reviendrait pas sur ses décisions concernant les droits de douane, estimant que rien ne pourrait l’amener, même après discussion avec Mark Carney, à revenir en arrière. « C’est comme ça », a-t-il affirmé. Le président américain a déjà imposé des droits de douane sur l’acier et l’aluminium canadiens, notamment, et menace son voisin du Nord de taxes douanières généralisées de 25 %. « Le Canada est un pays qui devra être capable de se débrouiller seul sur le plan économique », a estimé Donald Trump. « Il n’y aucune raison pour que nous subventionnions le Canada. »
Il ne faut pas s’attendre à de la « fumée blanche » à l’issue de la rencontre, avait averti vendredi Mark Carney, usant d’une métaphore d’actualité en ces temps de conclave. Selon lui, l’ancienne relation entre les deux pays fondée sur « une intégration croissante » est « terminée », et il s’agit de savoir comment les deux pays « vont coopérer à l’avenir ».
Crainte d’une altercation publique
La semaine dernière, Donald Trump avait qualifié le nouveau chef du gouvernement canadien d’« homme très sympathique », un ton incomparablement plus amène que celui réservé à l’ancien premier ministre, Justin Trudeau, pour lequel il a une forte antipathie.
Mark Carney, qui a émergé des récentes élections législatives en vainqueur alors que sa formation, le parti libéral (centre-gauche), était il y a encore quelques mois promise à une cuisante défaite, avait résumé vendredi sa délicate position de négociation. « Mon gouvernement va se battre pour décrocher le meilleur accord [commercial]. Cela prendra le temps nécessaire, mais pas plus », a -t-il dit.
Le Monde Mémorable
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Découvrir
Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a lancé contre le Canada des attaques commerciales mais aussi politiques particulièrement violentes, en répétant que le pays était voué à devenir le 51e Etat américain. Au Canada, beaucoup craignaient une altercation publique telle que celle ayant opposé Donald Trump au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans le Bureau ovale, le 28 février.
Le nouveau premier ministre canadien, au tempérament mesuré et à l’expression prudente, a une personnalité radicalement différente de celle de l’éruptif président américain, mais aussi de celle, très extravertie, de Justin Trudeau.
Dans le Bureau ovale, Donald Trump a par ailleurs dit devant Mark Carney qu’il « adorerait » trouver un nouvel accord commercial avec Ottawa, tout en affirmant qu’il ne voulait pas des voitures ou de l’acier venant de son voisin.
Les deux pays sont actuellement liés par un accord de libre-échange (ACEUM) conclu pendant le premier mandat de Donald Trump. Mais renégocier ce texte serait un processus long et compliqué peu compatible avec la volonté affichée du président américain de conclure rapidement des « deals » commerciaux spectaculaires.