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Histoires Web samedi, février 22
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« L’Avenir », de Stéphane Audeguy, Seuil, « Fiction & Cie », 272 p., 21 €, numérique 15 €.

Il a été beaucoup question du Louvre et de La Joconde, en ce début d’année, où l’on s’inquiète de la nécessaire adaptation du musée au flux considérable de visiteurs qui chaque jour viennent voir – on pourrait dire « consommer » – le tableau de Léonard de Vinci, lequel est devenu une attraction touristique autant qu’une œuvre d’art, la plus fameuse en tout cas de tout le patrimoine occidental. Le nouveau livre de Stéphane Audeguy, L’Avenir, résonne singulièrement avec cette actualité, puisqu’il s’ouvre sur une séquence assez virtuose où l’on suit, au pas de course, la visite, à Paris, d’un vieux touriste chinois passionné par le maître florentin : il se rend au Louvre, le rêve de sa vie, pour y être malgré lui le témoin d’un phénomène aussi incroyable que fulgurant, puisque le célébrissime portrait se met soudain à se dégrader sous ses yeux (et la caméra de son smartphone) avant de disparaître en quelques instants, littéralement réduit en poussière.

Que s’est-il passé ? Que signifie cette brutale réduction à néant d’un chef-d’œuvre connu de tous ? L’Avenir nous confronte, sans y répondre, à cette question, dont on devine qu’elle se pose dans un futur de fantaisie, puisque au détour d’une phrase on apprendra que le président nouvellement élu des Etats-Unis s’appelle « Alejandro Gutierrez » ou que l’Assemblée nationale en France est « à majorité d’union populaire fasciste ». Audeguy nous plonge ainsi dans un avenir « sans Joconde » : il crée par là une sorte d’appel d’air où s’engouffre son récit fonceur, parfois farceur, bondissant au rythme de chapitres dont les personnages successifs, hauts en couleur, alimentent une mécanique allègre et jubilante qui peut donner à la lecture le plaisir d’un défoulement. Il y a de la satire, en effet, dans cette manière de bâtir son intrigue autour d’une énigme qui affecte l’épicentre symbolique de notre univers, sa pyramide capitale. La Joconde disparaît, et se multiplient aussitôt les théories complotistes, les affolements réactionnaires ou, à l’inverse, ultraféministes, les fake news et les enquêtes sans suite, bref, tout le bruit auquel nous a habitués le grand carrousel mouvant de la communication d’aujourd’hui.

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