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Histoires Web mardi, août 26
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C’est précieusement emballés que les ossements de la plus célèbre australopithèque, Lucy, découverts il y a un demi-siècle en Ethiopie, sont parvenus jusqu’à la capitale tchèque, Prague, où ils sont exposés à partir de lundi 25 août.

Ces 52 fragments dentaires, de crâne, de bassin et de fémur, vieux de 3,18 millions d’années, « n’ont voyagé qu’une seule fois, aux Etats-Unis », entre 2007 et 2013, a rappelé le directeur de l’institution, Michal Lukes, à leur arrivée sur le sol tchèque. Ils figurent parmi « les pièces paléoanthropologiques les plus précieuses et les plus anciennes au monde », souligne-t-il, saluant ce rare prêt d’une durée de soixante jours du Musée national d’Ethiopie.

Les visiteurs pourront aussi découvrir le squelette quasi complet de Selam, jeune australopithèque morte à 2 ans et 7 mois, qui aurait vécu cent mille années avant Lucy. Découvert en 2000, il n’avait jamais quitté l’Ethiopie. Pour Addis-Abeba, il s’agit d’une exposition « historique » qui offre « une occasion unique de voir de près ces fossiles humains ».

La présence de Donald Johanson, qui faisait partie de l’équipe scientifique également composée de Maurice Taieb, Yves Coppens, Jon Kalb et Raymonde Bonnefille, est prévue à l’ouverture de l’exposition, aux côtés du premier ministre tchèque, Petr Fiala, et de la ministre du tourisme éthiopienne, Selamawit Kassa.

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Une révolution de la recherche scientifique

D’abord appelé A.L-288-1, cet hominidé bipède, découvert le 24 novembre 1974 dans la région de l’Afar, nichée dans le nord-est de l’Ethiopie, a été baptisé ainsi en référence à la chanson des Beatles Lucy in the Sky with Diamonds, qu’écoutaient les paléontologues pendant les fouilles. Morte possiblement entre l’âge de 11 et 13 ans (ce qui est considéré comme un âge adulte pour cette espèce), mesurant moins de 1,10 m de haut et pesant autour de 29 kilos, Lucy est habituellement conservée dans une pièce non ouverte au public au cœur de la capitale éthiopienne.

Sa découverte « a révolutionné » la recherche scientifique et la compréhension de nos ancêtres « d’abord en raison de son état de conservation exceptionnel, et ensuite du fait de son âge », explique Abebaw Ayalew Gella, directeur de l’Autorité éthiopienne de protection du patrimoine. Tout comme Selam, le plus vieil enfant du monde, Lucy est « une ambassadrice de l’Ethiopie, berceau de l’humanité », s’enthousiasme-t-il.

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Longtemps décrite comme la grand-mère de l’humanité, elle est aujourd’hui plutôt considérée comme une tante ou une cousine, car sa filiation directe avec l’espèce humaine est contestée. Selon une étude publiée en 2016 dans la revue scientifique Nature, elle passait au moins un tiers de son temps dans les arbres, où elle dormait pour échapper aux prédateurs, ce qui lui aurait été fatal puisqu’elle est « probablement » morte des suites d’une chute.

De nombreuses trouvailles ont depuis rebattu les cartes, en Ethiopie, en Afrique du Sud, au Kenya mais aussi au Tchad. Toumaï, considéré par certains paléontologues comme le premier représentant de la lignée humaine du haut de ses 7 millions d’années, ou encore Ardi, âgé de 4,5 millions d’années, ont rejoint Lucy au panthéon préhistorique.

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Le Monde avec AFP

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