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En campagne pour la présidence des Républicains (LR), le chef de file des députés de droite, Laurent Wauquiez, a proposé, mardi 8 avril, « que les étrangers dangereux sous OQTF [obligation de quitter le territoire], soient enfermés dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon, hors de l’Hexagone », dans un entretien au JDNews, provoquant un tollé politique.

Le patron des députés du groupe Droite républicaine, qui dénonce le fait que la rétention administrative des étrangers sous OQTF soit limitée à quatre-vingt-dix jours – sauf en cas d’infraction terroriste –, souhaite mettre la pression sur ces étrangers pour qu’ils acceptent de repartir dans leur pays. « Ils auraient une seule alternative : soit partir à Saint-Pierre-et-Miquelon, soit rentrer chez eux », explique M. Wauquiez, ajoutant que ces individus seraient bloqués à la douane s’ils revenaient dans l’Hexagone, car ce territoire d’outre-mer situé au large du Canada ne fait pas partie de l’espace Schengen.

Il semble aussi compter sur le climat de cet archipel français, situé à quelque 4 000 kilomètres de la métropole et qui compte un peu moins de 6 000 habitants, pour les inciter à repartir vers leur pays d’origine. « Il fait 5 degrés de moyenne pendant l’année, cent quarante-six jours de pluie et de neige. Je pense qu’assez rapidement ça va amener tout le monde à réfléchir », déclare le député de Haute-Loire. L’ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes plaide également pour que cette mesure d’éloignement soit accompagnée « d’un vrai allongement de la durée de rétention, comme nos parlementaires l’ont proposé. C’est dix mois en Italie ; illimité au Royaume-Uni ».

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« C’est la France, pas une prison ou un centre de rétention »

La proposition de Laurent Wauquiez a provoqué très rapidement l’indignation d’une grande partie de l’échiquier politique. Saint-Pierre-et-Miquelon, « c’est la France, pas une prison ou un centre de rétention », s’est indigné le ministre des outre-mer, Manuel Valls, dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP). « Aucun territoire français ne mérite d’être traité comme une zone de relégation », a-t-il dénoncé. « L’exil forcé, c’est une méthode de colon, pas d’élu de la République. Le bagne de Cayenne, c’est loin, et tant mieux », a insisté M. Valls

La leader du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a aussi réagi sur X, estimant que « la place des OQTF, c’est dans leur pays…, sûrement pas dans un territoire français. Les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon ne sont pas des sous-citoyens ».

Quant à Stéphane Lenormand, député de l’archipel et membre du groupe parlementaire LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires), il a déploré, sur le même réseau social, le « mépris » du député de Haute-Loire pour les habitants de l’archipel. « Les OQTF, c’est dans leur pays qu’il faut les renvoyer, pas dans le nôtre. Et c’est un descendant de bagnard qui le dit », a également réagi Nicolas Metzdorf, député non indépendantiste de Nouvelle-Calédonie.

A gauche, de nombreuses voix se sont aussi élevées, comme celle du député Alexis Corbière. « Quand le chef de la droite française réinvente le bagne, aboli en 1938 ! », s’est-il indigné sur X.

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Au sein du camp présidentiel, Pieyre-Alexandre Anglade, dont la formation fait partie de la même coalition gouvernementale que LR, s’est également insurgé : « Tout ce qui reste de républicain chez Laurent Wauquiez, c’est le nom de son parti ! »

L’annonce de cette proposition se produit à un peu plus d’un mois du congrès LR qui doit désigner, à la mi-mai, le nouveau président du parti. Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, qui brigue lui aussi la tête du parti et est donné favori par les sondages, a subi il y a un mois un revers après le refus de l’Algérie de recevoir une soixantaine de ses ressortissants sous OQTF dont le profil était qualifié de « dangereux » par Beauvau.

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Le Monde avec AFP

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