Laurent Martin, historien : « La culture est instrumentalisée pour nouer des liens commerciaux, politiques ou militaires »

Laurent Martin est professeur d’histoire à l’université Sorbonne-Nouvelle, où il codirige le master de géopolitique de l’art et de la culture. Il a notamment publié, avec François Chaubet, Charlotte Faucher et Nicolas Peyre, Histoire(s) de la diplomatie culturelle française (L’Attribut, 2024).

Quel rôle l’art joue-t-il dans la paix de 1945 ?

Les artistes célèbrent le retour de la paix dans une atmosphère relativement consensuelle. Cependant, les divisions idéologiques réapparaissent au grand jour vers 1948-1949, en particulier le grand clivage qui sépare le camp communiste des camps atlantiste et neutraliste. L’artiste emblématique de cette période est Picasso, encarté au Parti communiste français (PCF) depuis 1944, qui reprend le symbole de la colombe pour figurer la paix en 1949, pour le Congrès mondial des partisans de la paix, contrôlé par les communistes.

Peut-on considérer la culture comme un instrument de pacification après 1945 ou perpétue-t-elle au contraire les tensions idéologiques ?

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