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Histoires Web vendredi, novembre 15
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APPLE TV+ – À LA DEMANDE – SÉRIE

Mea culpa. Fin juillet, après avoir vu trois épisodes de Las Azules, j’ai rédigé une notule peu amène, égrenant mes griefs (mise en scène trop propre, personnages stéréotypés…) à l’endroit de cette série mexicaine, qui évoque la création, en 1970, d’une unité féminine dans la police du district fédéral. Or, s’il est une série qui dément la règle selon laquelle on peut se faire un avis après deux épisodes, c’est Las Azules. Entamé sur le mode comique – une poignée de femmes est précipitée dans l’univers machiste du maintien de l’ordre –, le récit se fait à la fois thriller et dissection du patriarcat à la mexicaine.

Progressivement (un processus qui occupe les quatre premiers épisodes), l’atmosphère s’épaissit en même temps que les personnages trouvent – à des degrés divers – une certaine consistance. Jusqu’à la figure du tueur en série, qui – plutôt que d’être, comme au nord du Rio Grande, l’incarnation pervertie de la pulsion érotique – se révèle être l’instrument et la victime de la domination masculine.

Las Azules s’inspire d’un épisode de l’histoire de la capitale fédérale, qui vit, à un moment où la police mexicaine avait (déjà) fort mauvaise presse, le gouvernement du président Echeverria (l’un des plus corrompus et répressifs qu’ait connus le pays) à faire un geste en direction de la société civile. De fait, les policiers de Mexico durent accueillir dans leurs rangs quelques femmes, qui furent cantonnées dans des tâches subalternes.

Violence des révolutions et héritage colonial

Fernando Rovzar (également réalisateur de plusieurs épisodes) et Pablo Aramendi, les créateurs de Las Azules, ont lesté cette situation quasi courtelinesque de la présence d’un tueur en série au rituel minutieusement établi. Si bien qu’à peine faite la connaissance d’un quatuor de policières aux motivations diverses – de la mère de famille bafouée qui veut recouvrer sa dignité à la jeune fille solitaire atteinte du syndrome d’Asperger (un diagnostic plus scénaristique que médical) – on passe de Police Academy au Silence des agneaux (consultations de sociopathe incarcéré incluse).

Cette peinture d’une société travaillée aussi bien par la violence des révolutions que par l’héritage colonial est accompagnée d’un regard original sur la place de la police dans la cité. Gabina (Amorita Rasgado) est issue d’une famille de policiers ; son père, haut gradé, la renie à l’annonce de son engagement. Ses frères, dont le responsable de l’enquête sur les féminicides, se rangent derrière le patriarche. La jeune femme, qui idéalisait le métier des mâles du clan, découvre les passages à tabac, les arrangements avec le pouvoir politique, mais aussi le désespoir résigné d’hommes chargés de maintenir le désordre établi.

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