Le Pinceau voyageur : c’est le titre d’une gravure que Pierre Alechinsky, né en 1927, réalisa pour l’atelier de chalcographie (gravure sur cuivre) du Musée du Louvre, en 1998. C’est aussi celui choisi par la commissaire d’exposition, Catherine De Braekeleer, pour l’accrochage d’une centaine d’œuvres de l’artiste à la Fondation Boghossian de Bruxelles. Elle montre un Alechinsky comme on ne l’a jamais vu : la fondation n’est pas un musée à proprement parler, mais une vaste demeure Art déco bâtie, au début des années 1930, par l’architecte Michel Polak, sur commande du baron Louis Empain. Récemment et remarquablement restaurée, elle n’en reste pas moins conçue comme une maison à vivre, luxueusement certes, mais dont les espaces répondent à des normes domestiques, pas muséales.
Impossible donc d’y envisager une rétrospective, même si toutes les périodes du peintre belge, même un dessin de nu réalisé à l’école d’art de La Cambre, en 1946, sont représentées, ni d’y tenter un accrochage chronologique. C’est donc un Alechinsky intime qui nous est proposé-là, avec, de surcroît, des œuvres rarement, voire jamais, montrées. Ainsi, la dimension variable des pièces détermine l’accrochage des œuvres : les salons de réception du rez-de-chaussée sont dévolus aux tableaux monumentaux, qui sont une initiation au langage d’Alechinsky. L’un d’eux est justement intitulé Vocabulaire (1986). Il est divisé en trente-deux cases où figurent des motifs bleus, dont beaucoup sont récurrents dans son œuvre : l’arbre, le volcan en éruption, que l’on peut confondre avec les chapeaux emplumés des personnages de carnaval des Gilles de Binche, la pyramide à degrés, la cascade, les murs et les escaliers tordus, les spirales ou les formes serpentines…
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