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Pour qui sort des foires Frieze de Londres ou Art Basel Paris, visiter Contemporary Istanbul, qui les suit dans le dense calendrier du mois d’octobre – elle s’est tenue du 23 au 27 –, peut créer un choc assez rude. Cinquante-trois galeries seulement (elles étaient 108 il y a dix ans) et aucune grande enseigne internationale, contrairement aux années précédentes, où l’on avait vu Marlborough, Lelong, Hervé Loevenbruck, Almine Rech ou Continua venir successivement tâter la température des eaux du Bosphore.

Lire le récit : Article réservé à nos abonnés Démarrage euphorique pour Art Basel Paris

Désormais, la dominante oscille entre le décoratif – les galeries des Emirats arabes unis notamment – et un art local que l’on qualifiera poliment de baroque, ou de kitsch. Seul le parcours d’art public conçu par le directeur du Musée d’art et d’histoire de Genève, Marc-Olivier Wahler, apporte une touche de contemporanéité, au sens où on l’entend habituellement. S’y ajoute une intéressante sélection de jeunes artistes espagnols – leur pays est l’invité d’honneur de cette dix-neuvième édition – effectuée par l’ancien directeur du Musée Reina Sofia, Juan Manuel Bonet.

Pourquoi cette désaffection de la part des galeries d’avant-garde ? Istanbul compte pourtant une douzaine de riches familles passionnées d’art, dont beaucoup ont créé leurs propres musées, lesquels recèlent toutes les stars de l’art contemporain international. Pour prendre le seul cas du Sakip Sabanci Museum, fondé par une dynastie ayant fait fortune dans le coton, on peut y voir, jusqu’au 2 février 2025, une très complète exposition consacrée aux dernières années de l’œuvre de Georg Baselitz. Les principaux prêteurs sont les galeries Thaddaeus Ropac, White Cube et Gagosian, parmi les plus puissantes du monde.

Lire le reportage (en 2019) : Article réservé à nos abonnés L’art contemporain retrouve la route d’Istanbul

Dans un tout autre registre en matière de moyens, qui sont, dans ce cas, bien plus minces, l’ancienne maison d’Emin Barin (1913-1987), l’homme qui a renouvelé et transmis l’art de la calligraphie en Turquie, abrite à la fois un centre de production et de restauration de livres renommé, et un lieu d’exposition un peu biscornu qui montre en ce moment une exposition collective, organisée notamment en collaboration avec l’université de Greenwich : 21 artistes épatants venus d’un peu partout.

Parmi les têtes chercheuses de l’art contemporain en Turquie, on doit aussi citer Beral Madra, critique et commissaire d’exposition, qui fut à la tête des deux premières biennales d’art contemporain d’Istanbul en 1987 et en 1989, mais aussi cinq fois responsable du pavillon turc à la Biennale de Venise, et anime depuis des décennies le BM Contemporary Art Center, un centre d’art des plus pointus. Si certains artistes turcs ont pris pied sur la scène internationale, c’est en grande partie grâce à elle. Mais on les voit rarement sur la foire.

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