L’armée nigérienne a annoncé, samedi 29 mars, se retirer de la Force multinationale mixte (FMM), dédiée à la lutte antidjihadiste dans le bassin du lac Tchad. En 2015, le Nigeria, le Tchad, le Cameroun et le Niger avaient réactivé cette force régionale créée en 1994 pour combattre les groupes djihadistes, tels que Boko Haram et l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), autour de cette étendue d’eau qui chevauche les quatre pays.
« L’opération menée jadis sous l’égide du Secteur 4 de la Force multinationale mixte (FMM) porte désormais le nom de “Nalewa Dolé” », a précisé l’armée nigérienne dans un bulletin d’informations lu à la télévision d’Etat. « Ce changement d’appellation découle du retrait du Niger de la FMM », a-t-elle ajouté sans plus de détails.
Ce retrait « traduit une volonté affirmée de renforcer la sécurisation des sites pétroliers du Nord », a poursuivi l’armée nigérienne, considérée comme l’un des principaux piliers de la FMM. Les installations pétrolières situées dans la région de Diffa (Sud-Est) sont sous la menace de groupes armés hostiles à Niamey qui attaquent particulièrement l’oléoduc géant acheminant du brut jusqu’au Bénin voisin.
Des relations tendues entre Etats
Les relations tendues entre Etats ont fragilisé la lutte antidjihadiste au sein de la FMM. Depuis l’arrivée au pouvoir d’un régime militaire au Niger à la suite d’un putsch en juillet 2023, Niamey accuse Abuja d’abriter des troupes étrangères pour le déstabiliser, ce que le Nigeria a toujours nié.
Après un peu plus d’un an d’interruption, les deux voisins avaient annoncé la reprise de leur coopération militaire en août 2024, lors d’une visite à Niamey du chef d’état-major de l’armée nigériane, le général Christopher Musa.
« Le problème est que certains font des efforts, tandis que d’autres les sabotent. Nous devons faire front commun et mettre fin aux ingérences étrangères dans notre région », avait lancé, début février, le gouverneur de la région de Diffa, le général Mahamadou Ibrahim Bagadoma, lors d’un sommet régional à Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria.
Fin 2024, le Tchad avait menacé de se retirer de la FMM à cause d’une « absence de mutualisation des efforts », après une attaque qui a tué une quarantaine de ses soldats.