L’armée française a rétrocédé sa dernière base à l’armée tchadienne, ont annoncé, jeudi 30 janvier, les états-majors des armées des deux pays après une cérémonie strictement militaire mettant fin à une présence historique dans ce pays du Sahel.
« La rétrocession de la base Sergent-Adji-Kossei de N’Djamena vient boucler définitivement la présence française au Tchad, conformément à la volonté des hautes autorités » de N’Djamena, a annoncé l’état-major de l’armée tchadienne dans un communiqué publié à la veille d’une cérémonie officielle prévue vendredi pour marquer ce départ.
« Le camp de Kossei à été rétrocédé aujourd’hui à l’armée tchadienne », a pour sa part fait savoir, à Paris, le porte-parole de l’état-major des armées françaises, le colonel Guillaume Vernet. Les personnels et matériels de combat ont été transférés en France, restent sur place des conteneurs qui seront ramenés par voie terrestre et maritime, par des prestataires privés, selon la même source.
Cette rétrocession fait suite à la décision tchadienne, en novembre 2024, de rompre les accords de coopération militaire avec la France, jugés « obsolètes » et « surannés » par le président, Mahamat Idriss Déby, au pouvoir depuis 2021.
Une présence de près d’un millier de soldats
Le Tchad était le dernier point d’ancrage de la France au Sahel, où Paris a compté jusqu’à plus de 5 000 militaires dans le cadre de l’opération antijihadiste « Barkhane », stoppée à la fin de novembre 2022. Depuis, quatre autres anciennes colonies françaises – le Niger, le Mali, la République Centrafricaine et le Burkina Faso – ont enjoint à Paris de retirer son armée de leurs territoires, où elle était historiquement implantée, et se sont rapprochées de Moscou.
Le Tchad, où restait stationné un millier d’hommes, a annoncé à la fin de novembre sa décision surprise de rompre à son tour les accords militaires avec la France. Le départ des avions de chasse français, le 10 décembre, a été suivi, le 26 décembre, par la rétrocession des bases de Faya, dans le Nord-Est désertique, puis le 11 janvier celle d’Abéché (Est).
Lors de la rétrocession d’Abéché, les autorités tchadiennes avaient annoncé que le 31 janvier, date « impérative », « irréversible » et « non négociable », marquerait « le départ définitif des forces françaises ». « Les trois bases des éléments français au Tchad sont toutes rétrocédées à l’armée nationale tchadienne, la toute dernière ce jour 30 janvier 2025 », précise le communiqué tchadien publié jeudi.
Le Sénégal négocie, lui aussi, le départ des troupes françaises d’ici à la fin de 2025. Les effectifs militaires français diminuent parallèlement en Côte d’Ivoire et au Gabon, conformément à un plan de restructuration de la présence française en Afrique de l’Ouest et centrale. La base française de Djibouti, qui accueille 1 500 militaires français, n’est pas concernée par cette réduction de voilure historique, Paris voulant en faire un « point de projection » pour les « missions » en Afrique, après le retrait forcé des forces françaises du Sahel.