Meilleures Actions
Histoires Web dimanche, décembre 22
Bulletin

ARTE – SAMEDI 21 DÉCEMBRE À 20 H 50 – SÉRIE DOCUMENTAIRE

Le XIXsiècle est celui des révolutions. Pas seulement politiques. La série consacrée par Arte aux « jeunes artistes exaltés qui rêvent de régler son compte à l’ancien monde », rappelle qu’« en ce début de siècle, théâtre, musique et peinture enflamment les esprits », dit la narratrice, la comédienne Cécile de France.

Paris, 1827. Victor Hugo, Alexandre Dumas et Eugène Delacroix entraînent dans leur sillage « une jeune génération d’artistes, inspirés par leurs voisins allemands et anglais, fatigués du classicisme académique ». Le temps est venu de « mettre un grand coup de pied dans la fourmilière ». Première manifestation du concept d’« artiste engagé », qui connaîtra son âge d’or au tournant du siècle suivant.

Reconstitué en animes plutôt qu’à base d’archives, mis en scène « comme une série d’aujourd’hui » pour mieux cibler le public jeune qu’il vise, ce documentaire, réalisé par Amélie Harrault, Céline Ronté, Valérie Loiseleux (dans le même esprit que Les Aventuriers de l’art moderne), fait revivre les trublions et le Paris qu’ils vont bousculer.

L’ancêtre des best-sellers

Tout commence donc en 1827, par un duel − littéraire − entre Alexandre Dumas et Victor Hugo, qui ont 25 ans. « Tous deux rêvent de la Comédie-Française, tous deux admirent Shakespeare », dont l’étonnante modernité, deux siècles après sa mort, « exalte leur imagination ». Dumas se lance dans le théâtre de boulevard émergent. Hugo, déjà très prisé dans les salons littéraires, voit son emballement pour la poésie et le théâtre freiné par son éditeur : lui veut un roman à la Walter Scott, qui fait fureur outre-Manche avec Ivanhoé (1819). L’éditeur attendra 1831 pour voir son jeune écrivain lui livrer Notre-Dame de Paris, l’ancêtre des best-sellers.

De son côté, dans son atelier, jour et nuit, Eugène Delacroix peint comme un forcené. A 29 ans, orphelin d’une grande famille bourgeoise ruinée, il rêve de revanche. Il faut choquer son époque pour faire carrière, se dit-il. Lui aussi a une vision politique de l’art, qu’il concrétisera en 1830 avec La Liberté guidant le peuple, inspirée de la révolution des Trois Glorieuses.

Egalement hanté par les romantiques anglais, en l’occurrence Lord Byron, qui a écrit Sardanapale (1821), le peintre français présente au Salon du Louvre de 1827 une toile qui va faire scandale pour la violence qu’elle illustre sans fard : La Mort de Sardanapale. Victor Hugo applaudit : Delacroix a su capter ce moment indicible où tout bascule, il a réussi à peindre ce que le poète veut écrire. La bataille entre classiques et romantiques est lancée.

En mode hippie

Bataille, c’est le mot. En février 1830, Victor Hugo tient enfin son scandale fondateur, avec Hernani, le drame passionnel qu’il vient d’écrire pour la Comédie-Française, et qui suscitera un affrontement virulent dans le Paris des arts et lettres après avoir brisé les canons du théâtre classique. « La bataille qui va s’engager à Hernani est celle des idées, celle du progrès », dit l’auteur.

Le Monde Ateliers

Cours en ligne, cours du soir, ateliers : développez vos compétences

Découvrir

Victor Hugo, Alexandre Dumas et Eugène Delacroix s’étaient retrouvés en 1827 au Théâtre de l’Odéon où une troupe anglaise jouait Roméo et Juliette, en anglais. Tout un monde de passion se dévoile sous leurs yeux. Dans les travées, un musicien de 24 ans : Hector Berlioz. « Ce que les poètes font en vers, il le fera en musique. » Clin d’œil des créateurs des images animés de la série : le futur compositeur de la Symphonie fantastique est représenté en mode hippie, cheveux en bataille, en train de jouer de la guitare…

Lire le récit : Article réservé à nos abonnés Depuis « Hernani » de Victor Hugo, deux siècles de révolutions dramaturgiques

Tous les arts sont désormais mobilisés dans « l’armée des romantiques ». Les quatre épisodes déroulent ses victoires, ses défaites, sa traversée du siècle, entre révolutions et régimes autoritaires. Un parcours qui sera raconté par l’un des leurs, Théophile Gautier, dans son Histoire du romantisme, testament inachevé écrit à la veille de sa mort en 1872.

Le dernier épisode amorce l’après-révolution. Dans les limbes de Second Empire puis de la Commune de Paris, les héritiers du romantisme seront, à leur tour, cloués au pilori de la bonne société : Madame Bovary, de Gustave Flaubert (1857), Les Fleurs du mal, de Baudelaire (1857), Le Déjeuner sur l’herbe, de Manet (1863), sont censurés, le Manifeste du réalisme (1855), cosigné par le peintre Gustave Courbet, est raillé. Les bourgeois s’encanaillent avec la musique d’Offenbach, qui a balayé celle de Berlioz, devenue… classique.

Mais la modernité trace sa route, elle s’incarne dans la photographie de Nadar, les romans d’anticipation de Jules Verne. Le XXe siècle se profile à l’horizon.

L’Armée des romantiques, série documentaire en animation créée par Amélie Harrault, commentaire dit par Cécile de France, musique d’Olivier Daviaud (Fr., 2024, 4 × 52 min). Disponible à la demande sur Arte.tv jusqu’au 18 juillet 2025.

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.